Non Stop, Frédéric Mars

Bombes humaines. (Non) STOP. Cœurs explosifs. (Non) STOP. Fausses pistes. (Non) STOP.  Ingénieux terroristes.  (Non) STOP. Cruauté humaine. (Non) STOP. Hyperréalisme. STOOOOOOOOP.

Présentation (mais est-il encore bien utile de présenter cette « belle brique » ?) : 9 septembre 2012, Manhattan. Un homme ordinaire reçoit une enveloppe anonyme et se met à marcher en direction du métro. À peine s’est-il arrêté sur le quai de la station qu’il explose, semant la mort autour de lui. Très vite, les mises en marche et explosions de ce genre se multiplient à une allure folle. Sam Pollack et Liz Mc Geary, les deux agents chargés de l’enquête, doivent admettre qu’ils sont confrontés à une attaque terroriste d’une envergure inouïe. […]

La cavale sans fin de ceux qu’on appelle les Death Walkers, les marcheurs de la mort, ne fait que commencer.

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Circonstances : il m’arrive parfois de n’avoir pas envie de lire un roman dont tout le monde parle et qu’il « faut » à tout prix avoir lu.  Ainsi, en son temps, je me faisais presque une joie de dire que je n’avais pas lu le Da Vinci Code, alors que tous, ou presque, l’avaient lu et (presque) tous l’avaient apprécié.  J’ai fini par le lire, bien sûr (?), une fois le soufflé retombé [et pour info., l’avais aimé mais pas trouvé exceptionnel].

Comment donc ne pas avoir entendu parler de Non Stop, à moins de s’être exilé, ces derniers mois, au fin fond de l’Amazonie ? Bon nombre de blogueurs avaient eu l’occasion de le découvrir bien avant sa sortie.  Pas moi. J’ai alors participé à tous les concours permettant de le gagner et l’effort fut payant. 

Pourquoi cet empressement ?  Pour deux raisons : la première, c’est que la 4e de couverture est on ne peut plus alléchante et je sentais que je risquais fortement d’apprécier, d’autant que les allusions à 24h chrono fusaient de toutes parts et c’est une des rares séries que j’ai pris plaisir à regarder. En fait, c’était presque couru (marché !) d’avance que j’accrocherais. 

La deuxième, c’est que j’avais beaucoup apprécié Le sang du Christ du même auteur, bien sûr à mille lieues de celui-ci, mais je partais dès lors avec un a priori positif. Quelle pression donc sur les épaules de Frédéric Mars car plus on attend d’un roman, plus la déception est grande si la sauce ne prend pas aux yeux du lecteur. Bien heureusement, il n’en a jamais eu conscience. Ouf.  Alors ?

Mon avis : hé bien, indéniablement, inévitablement même, la sauce a pris, à tel point que les « pauses lecture » censées émailler les longs moments de corrections (examens de français) ont alors changé de visage : il s’agissait, à partir du moment où j’ai commencé à suivre John Artwood et Sam Pollack (et en chaise, ce ne fut pas évident, n’est-ce pas, j’en ai usé mes pneus !), de « pauses corrections » entre les heures de lecture. Car une fois que l’on est pris dans cet engrenage, à l’instar des malheureux protagonistes, on continue, inexorablement. Rassurez-vous, je disposais de temps entre le jour des examens et celui des conseils de classe…

Alors, 24 h ou pas 24 h ?  Le rapport est évident, renforcé d’ailleurs par un petit clin d’œil à Jack Bauer, évoqué par Grâce, la fille de Pollack.

  « –   J’ai été comme embauché de force par le Homeland Security.

   –   Ils t’ont confondu avec Jack Bauer, ou quoi ?

   –   Très drôle. » [p. 235]

Cela dit, l’action ne se concentre pas sur 24 heures mais s’étale sur 3 jours.  Non stop (facile !).  Au cœur (!) de cette intrigue, un président Cooper à l’image « obamesque » ou « palméresque », selon que l’on compare à la réalité ou à la fiction télévisée.

Côté personnages, impossible pour moi de rester indifférente aux divers protagonistes, y compris ceux « de passage » et qui y laisseront ou pas la vie ; me restent ainsi en mémoire tout particulièrement l’obstétricien de Houston ou Earl, compagnon d’infortune d’une des personnalités du récit, ou encore le cardiologue Kyle Retner « au faux air d’Harrison Ford ». 

Quant aux autres, ils sont subtilement dépeints et le lecteur prend plaisir à assembler les pièces de chacune des personnalités au rôle affirmé : un Sam Pollack meurtri onze ans auparavant et qui ne peut/veut se reconstruire, une Liz Mc Geary exceptionnelle de professionnalisme, « encarapacée » au maximum, une Grâce touchante dans la détresse qu’elle s’efforce de cacher (héritage paternel, sans doute), un bostonien Benton que l’on en arrive à aimer détester de moins en moins, un président Cooper humaniste, une terroriste dévouée corps (!) et âme à sa cause.  Finalement, indépendamment des terroristes, un se détache du lot, le genre d’ignoble personnage qui ne mérite que le mépris : Edgar Wendell…

La plume de Frédéric Mars est agréable à lire, terriblement efficace et emporte le lecteur aux quatre coins des États-Unis, ou ailleurs, durant cette course effrénée ; les lieux sont abondamment décrits sans que cela nuise jamais au rythme haletant du récit.  Chapeau bas pour cet hyperréalisme qui fait froid dans le dos et a dû demander une recherche considérable.  Admirative, je suis. À noter également la présence d’humour, çà et là, malgré le propos.

Si je me permettais, et juste histoire de faire la fine bouche, ne demeurent que deux choses que personnellement, j’aurais tournées différemment : le sort réservé à Grâce (à vous de découvrir ce à quoi je fais allusion), ainsi que les derniers éléments relatifs à Sam et Liz.

   « L’automne avait choisi cette nuit-là pour faire son retour, précoce. Des vents froids balayaient les avenues sans rencontrer désormais d’autres obstacles que les poubelles éventrées et des détritus.  Le plan quadrillé favorisait leur circulation, offrant des courants d’air salvateurs en été, qui viraient au blizzard dès les premières fraîcheurs. 

   Les seuls véhicules encore de sortie étaient des patrouilles de police. Même les taxis avaient déserté la ville, faute de clients, ou par peur que les derniers d’entre eux ne soient l’un de ces passagers explosifs. Comme le prévoyait le niveau d’alerte 5, tous les bâtiments publics et tous les transports étaient fermés. Des barrières vert sapin interdisaient l’accès aux bouches de métro. » [p. 259]

Vous l’aurez compris, j’ai adoré Non Stop et vous le recommande…

11 réflexions au sujet de « Non Stop, Frédéric Mars »

  1. Eh bien, je dois te dire que je ne me trouvais pas, ces dernières semaines, au fin fond de la forêt amazonienne mais que je n’ai quand même pas entendu parler de ce bouquin.
    Il faut le lire? Bon, je note.
    Bonne dernière semaine … qui doit être allégée pour toi.

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  2. Je ne l’ai lu qu’en travers (ton avis), pour ne pas en savoir trop étant donné qu’il est encore dans ma pal…
    mais il me tarde encore plus de le lire 🙂

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  3. C’est parce que, par hasard, tu n’étais tombé jusqu’à présent sur aucune critique sur les blogs que tu suis régulièrement. Si tu aimes l’action, oui, il « faut » 🙂
    Bon courage pour cette dernière ligne droite…

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  4. Je suis à la moitié du roman : intéressant, bien construit, très bien documenté ……. mais – oui, il y a un « mais » – ….. autant j’ai accroché au début, autant maintenant je trouve que cela devient un peu répétitif et « traîne en longueur ». D’ailleurs je me suis dit :  » Encore tout cela à lire ! »
    J’espère que mon intérêt va être « relancé » ….. pour éviter de « peiner » jusqu’à la fin …. 🙂

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