Le Garçon d’à côté, Katrina Kittle

Présentation. Dans la banlieue tranquille du Middle West où Sarah vit avec ses enfants, Nate et Danny, la nouvelle fait l’effet d’une bombe : leurs voisins et amis, les Kendricks sont accusés de pédophilie. L’horreur était sous ses yeux, et pourtant Sarah n’a rien vu, rien senti…

Malgré l’équilibre fragile qu’elle tente de maintenir au sein de sa famille depuis la mort de son mari, elle décide d’accueillir Jordan, le fils des Kendricks, victime d’abus. Sarah, Nate et Danny – l’adulte, l’adolescent et l’enfant – vont devoir changer de regard, réinventer leurs rôles respectifs et leurs certitudes pour redonner à Jordan goût à la vie et l’aider à grandir.

Le Garçon d'à côté

Mon avis. Un coup de/au cœur…

Ce roman traite d’un sujet douloureux s’il en est avec beaucoup de pudeur et de retenue, malgré la gravité des faits.

Le lecteur suit Sarah, Nate (17 ans) et Danny (12 ans). Le mari de Sarah est décédé et chaque membre de la famille essaie de survivre, comme il le peut, avec cette absence douloureusement prégnante. Sarah tente de tenir sa souffrance à distance grâce à son travail de traiteure ; Nate enchaîne les jours de renvoi ; quant à Danny, il essaie, vaille que vaille, de se forger une place au milieu des disputes récurrentes entre mère et frère.

Un jour, Sarah vient en aide à Jordan, voisin et fils de Courtney, sa meilleure amie, et ami de Danny, même si les deux enfants se sont éloignés depuis quelque temps, sans que les mamans ne sachent pourquoi. Il s’avère que Jordan a été victime d’abus sexuels au sein même de sa famille… L’horreur…

« En gardant les yeux fermés, il ne sentait rien d’autre que ces vagues de douleur dans son bassin.

Peut-être qu’il ne ressentirait plus rien, à cet endroit-là.

Pourvu qu’il ne ressentît plus jamais rien, à cet endroit-là. » [p. 55]

« Elle eut un sanglot qui ressemblait à un hoquet.

Maltraitances et sévices ? Le temps suspendit son vol tandis que Sarah essayait de traduire cette information en mots compréhensibles auxquels elle eût pu se raccrocher. Mais tout cela était si absurde que son cerveau refusa de rien enregistrer : c’était une grossière erreur, on les prenait pour quelqu’un d’autre. Elle eut un vertige et faillit s’asseoir par terre pour ne pas tomber. Elle inspira à fond et prononça les seules paroles qui lui virent à l’esprit et que, avant tout, elle croyait profondément vraies :

– Oh mon Dieu. Ce… ce n’est pas possible. Vous faites erreur. Ce sont des gens bien, des innocents…

Les policiers la regardèrent fixement, impassibles. Elle comprit alors que tout le monde disait la même chose et qu’ils s’étaient attendus à sa réaction. » [p. 93]

Le récit alterne les points de vue de Sarah, Nate, Jordan et plus rarement Danny. Sarah ne peut se résoudre à imaginer que Jordan ait été abusé par ses parents et si les preuves à l’encontre du « père BCBG » paraissent irréfutables, elle ne peut en aucun cas concevoir que son amie soit elle aussi impliquée.

Nate découvre, horrifié, ce qu’il s’est tramé, presque sous ses yeux, tandis que Jordan souffre au plus profond de lui, tiraillé entre le soulagement que, peut-être (?), les « choses » s’arrêtent et la culpabilité qui le ronge. Quant à Danny, il ouvre et clôture le roman, des années après les faits.

C’est Nate qui propose à sa mère d’accueillir Jordan au sein de leur foyer, tâche oh combien ardue : comment vivre avec un petit garçon qui a connu l’horreur durant des années et s’en veut de ce qu’il fait « subir » à sa « famille » ? Comment espérer redonner le sourire à un petit garçon brisé ? Que faire ou ne pas faire pour tenter de l’aider ?

Le roman met en évidence les errements de cette famille confrontée à l’indicible, les doutes qui assaillent chacun des membres face à cette tâche gigantesque où chaque avancée semble être suivie d’un pas en arrière. Il relate également la profonde douleur du petit garçon qui s’en veut de n’avoir pas réussir à « partir définitivement » et ne s’octroie pas le droit de sur-vivre…

« Ainsi, d’une certaine façon, son plan avait marché. Sauf qu’il était encore là. Il n’avait pas prévu de plan B. Il ne s’était jamais imaginé qu’il ne mourrait pas. » [p. 205]

« Jordan Kendrick allait emménager chez eux le lendemain matin. Ce matin en fait. Dans environ sept heures. Et cette idée l’effrayait. Il l’avait voulu, mais maintenant que ça allait se réaliser, ça le terrorisait. » [p. 322]

« Jordan enfonça la tête dans l’oreiller et pleura jusqu’à épuisement.

Une heure plus tard, il cala le dossier de la chaise sous la poignée de la porte et s’endormit enfin » [p. 363]

Traduction : Nathalie Barrié.

Titre VO (anglais – USA) : The kindness of strangers (2005).

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