Présentation. « Je m’appelle Angèle. J’ai treize ans. Ma sœur est morte il y a quatre mois, et je ne crois pas que je puisse m’en remettre. Voilà. »
Alors Angèle prend un agenda, et elle écrit. Un agenda, parce qu’il y a un prénom sur chaque page, une nouvelle personne à qui parler chaque jour. Et parce que le temps qui passe finit toujours par faire revenir le soleil.

Mon avis. Des mots sublimes pour raconter la douleur…
De la poésie déposée jour après jour par Angèle sur les pages d’un agenda, des perles pour dire la souffrance du vide tellement présent. Élise est morte, ne restent d’elle que les souvenirs qu’Angèle, sa jeune sœur, couche sur papier en essayant de continuer à vivre… Chaque membre de la famille survit à sa manière : comment faire quand un quatuor devient trio ?
« J’étouffe ici, les chagrins s’accumulent, ça fait des gros tas de larmes partout dans la maison. On se prend les pieds dedans, on tombe, et on ne se relève pas toujours. » [p. 11]
« Élise, elle, aimait beaucoup jouer avec les reflets. Des miroirs cassés, des vieux CD, elle savait faire briller n’importe quoi, n’importe qui aussi d’ailleurs. Il y a des gens qui sont comme des lumières. » [p. 12 – 13]
Angèle évoque le passé et le présent avec/sans sa sœur, ses parents, les séances avec « Madame Machin », les moments passés avec Charlotte, son amie, Marin qui fait battre plus vite son cœur, la vie qui continue, vaille que vaille… Certains jours, la page reste vierge.
« Oui je sais, Alexandre, demain c’est les vacances, Charlotte s’en va. Pas la peine de remuer le couteau dans la plaie, parce que nous, on ne part plus nulle part.
Maman a les yeux vides. Papa est en colère.
Et moi, je me sens en trop. » [p. 57]
« Hier soir, je suis allée dormir chez Charlotte. J’ai écouté le bruit que ça fait, une famille. Si ça se trouve, ils ne savent pas la chance qu’ils ont d’être aussi bruyants. Je me suis rempli la tête de leur agitation, j’ai fait des réserves. » [p. 73]
« Élise, est-ce que tu nous regardes essayer de vivre cette vie d’après ? » [p. 132]
« La joie, ça se travaille, surtout quand elle s’en va quand on ne s’y attend pas. » [p. 144]
Un très beau texte, lu d’une traite, et qui, une fois n’est pas souvent coutume, a jusqu’au bout les couleurs de la voix d’une adolescente…
Un grand merci aux éditions Milan pour ce partenariat.