Présentation. Avant les Bridgerton, une histoire d’amour a changé le monde…
En 1761, par une journée ensoleillée de septembre, un roi et une reine se rencontrent pour la première fois, quelques minutes avant leur mariage. Née allemande, la princesse Charlotte de Mecklembourg-Strelitz est belle, intelligente, et surtout têtue. Autant de qualités qui lui seront utiles, car le souverain cache de lourds secrets… susceptibles d’ébranler les fondements mêmes de la monarchie. Propulsée dans son nouveau rôle, la reine découvre comment naviguer dans les méandres de la politique tout en protégeant son cœur. Par-dessus tout, elle doit apprendre à gouverner et comprendre qu’elle a reçu le pouvoir de transformer la société. Plus jamais elle ne sera Lottie. Charlotte a un destin à accomplir.
Mon avis. Une lecture agréable, différente de ce que j’ai lu précédemment de « l’univers Bridgerton »…
Nous suivons dans cet opus la jeunesse de l’excentrique reine Charlotte découverte bien plus tard dans la série Bridgerton. Nous sommes en 1761 et la jeune Sophie-Charlotte de Mecklembourg-Strelitz, princesse allemande, est sur le point d’épouser George III, roi de Grande-Bretagne et d’Irlande. Son frère Adolphe l’a pour ainsi dire « offerte » à la couronne britannique, sans qu’elle ait eu voix au chapitre, cela va de soi. Or Charlotte n’a pas plus envie de quitter son État du Saint-Empire romain germanique que d’épouser un homme qu’elle ne connait pas, tout monarque soit-il.
« Elle était hors d’elle et elle avait peur. Chaque lieue parcourue la rapprochait d’un avenir incertain. Elle ne comprenait pas pourquoi tout cela lui arrivait, et elle se sentait impuissante, insignifiante, stupide. […]
– Nous n’avions pas le choix. Je n’avais pas le choix. Tu veux une explication, Charlotte ? Je n’en ai pas. Ou alors… elle serait terrible. Il est vrai que les gens comme eux n’ont jamais épousé les gens comme nous. Mais je ne peux pas refuser ! Je ne peux pas me faire un ennemi du monarque le plus puissant du monde. Alors tais-toi, fais ton devoir et sois heureuse ! » [p. 19 – 20]
Ce récit diffère des autres lus précédemment dans le sens où « tout n’est pas joué dès les premières pages ». Bien sûr, on sait ce qu’il en est de la relation entre Charlotte et George si l’on a vu la série des Bridgerton, mais l’on découvre ici une Charlotte beaucoup plus « profonde » que l’image donnée dans l’adaptation.
Celle qui est devenue reine est profondément malheureuse et n’arrive pas à comprendre comment le roi peut se comporter à son égard de façon tantôt charmante, tantôt ignoble, sans que rien ne puisse apparemment le justifier. Elle trouvera un soutien auprès de Agatha Danbury, récemment « accréditée » auprès de la famille royale, au même titre que d’autres familles d’origine africaine, et promue suivante de la reine. Derrière ces changements, Augusta, la mère du roi, intrigante hors pair… même si elle a été, dans un premier temps, fort « étonnée » de la « couleur foncée » de la jeune femme.
« Je pensais qu’elle serait de la couleur du café au lait. » [p. 28]
Or il est inimaginable que « les gens » apprennent que la couronne ignorait que « sa peau est brune. » [p. 30]. Il est donc impératif de transmettre le message d’un peuple uni. D’où l’idée d’Augusta d’élargir la liste des invités au mariage quelques heures avant la cérémonie.
« Léonora Smythe-Smith, qui prononçait toujours dix mots quand cinq auraient suffi, se tourna vers elle.
– Sapristi, mais que faisons-nous ici ?
– Aucune idée, répondit Agatha.
– Avez-vous vu comme tout le monde nous observe ?
Bien sûr qu’Agatha l’avait vu. Il aurait fallu être aveugle pour ne pas remarquer les regards hostiles que leur lançaient les autres membres de l’aristocratie.
Les Danbury, les Smythe-Smith, les Basset, les Kent… Toutes ces familles respectables avaient beau jouir d’une grande fortune et de nombreux privilèges, elles vivaient en marge de la noblesse britannique.
Étant noire, Agatha avait su dès l’enfance qu’elle ne fréquenterait pas les filles de ces gens, et que leurs fils ne la considéreraient jamais comme une épouse acceptable. » [p. 34]
Voilà donc le début de ce que le Parlement a nommé « La Grande Expérience », autrement dit la « mixité » de la haute société anglaise, l’objectif étant que Charlotte donne des héritiers à George, tout en ne se rendant pas compte que son royal époux est « dérangé ». C’était sans compter sur les liens qui se nouent entre les souverains, sur la gravité croissante de la maladie du roi, sur le caractère affirmé de Charlotte.
Au milieu du jeu de quilles, deux personnages savoureux : Brimsley, au service de la reine, et son homologue au service du roi, Reynolds, chacun soucieux du bien-être de celui qu’il sert, l’intérêt de l’un semblant parfois aux antipodes de celui de l’autre…
Une lecture qui m’a beaucoup plu ; je peux maintenant visionner la série.
Traduction (anglais USA) : Anne Busnel et Émilie Terrao.
Titre VO : Queen Charlotte, A Bridgerton Story (2023).
Un grand merci aux éditions J’ai Lu pour ce SP.