SEP : D comme désarroi, détresse, désespoir

lettre d

 

 

Il m’est quelquefois arrivé de dire que je suis en « dépression permanente » ; ce n’est bien sûr pas vrai et eu égard aux personnes qui souffrent véritablement de dépression, je me dois de dire que c’est très exagéré.  

Alors quoi ?  En réalité, comme je l’ai déjà dit précédemment, mon moral est on ne peut plus fluctuant, j’ai « le moral lunatique » :-).  Et il est vrai qu’à certains moments, je « déprime » durant quelques jours.  Ce sont les jours durant lesquels je vois la vie en gris et noir, comme si la lumière était condamnée à ne plus percer les nuages. Ce sont les jours où l’avenir me semble particulièrement brumeux, pour ne pas dire carrément bouché.  Ce sont les jours où j’ai l’impression que, quoi que je fasse, je ne m’en sortirai pas.  En général, ces périodes sont liées à une aggravation, sous quelque forme que ce soit : l’équilibre encore plus précaire (si, si, c’est possible), un périmètre de « marche » encore davantage réduit, la chaise plus lourde à hisser dans le coffre de ma voiture ou encore la mémoire qui a flanché plus souvent qu’à son tour (je dois avouer que j’ai très peur des  troubles cognitifs », encore plus que « tout le reste » ; à cet égard, je suis allée, voici quelques années, à une matinée d’informations relatives aux troubles cognitifs organisée par la Ligue de la SEP.  J’en suis ressortie complètement démoralisée tellement j’avais découvert ce qu’il risquait un jour de m’advenir.  Je me suis dit qu’il était inutile de réitérer ce genre « d’expérience »; il sera encore temps si j’y suis, pauvre de moi, un jour confrontée).

Une amie a une fois évoqué le fait que la SEP, c’est une  « succession de deuils » et cette expression me paraît correspondre tout à fait à ce que je vis.  Faire le deuil de l’avant pour réussir, tant bien que mal à se tourner vers l’après, tout en essayant, vaille que vaille, de vivre le présent.  Et je pense que chaque fois que j’ai atteint un « palier », je dois le « digérer », je dois « l’intégrer » avant de poursuivre mon chemin (quelle image pour quelqu’un qui ne peut plus cheminer qu’à roulettes)…

[Illustration : http://coloriage.gulli.fr/coloriage-Lettre-D%5D

 

2 réflexions au sujet de « SEP : D comme désarroi, détresse, désespoir »

  1. Chère Paikanne,
    En cas de maladie chronique sans espoir de guérison, on a tendance à tout ramener à sa santé. Je sais de quoi je parle, voyant mon état physique (dû à l’âge) se dégrader de façon irréversible.
    La façon dont on appréhende ce problème dépend de la sensibilité et de la volonté de chacun.
    Un peu comme l’évolution des gens face à la religion…
    Dans les camps, certains devenaient athée (comment un Dieu miséricordieux peut-il me faire « ça »?). D’autres, au contraire, estimaient qu’il s’agissait d’une sorte de mise à l’épreuve avant un monde meilleur.
    Je suis athée, mais respecte les croyants…
    Amitiés.
    P.S. Dans la foulée de la Shoah, une petite citation: « Tous les jours, Dieu s’installe sur le trône de la justice pour juger le monde. Mais quand il s’aperçoit que le monde mériterait tout à fait d’être détruit, il abandonne alors ce trône pour aller s’asseoir sur celui de la Miséricorde. » (Talmud.)

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