Migration forcée…

La plateforme skynetblogs a tiré sa révérence, si bien que j’ai été contrainte de déménager. Nous sommes en 2018 et mes premiers pas de blogueuse remontent à juillet 2004.

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Les portes du Monde de Païkanne sur skynetblogs se sont définitivement fermées.

Quelques chiffres au 31/05/2018 :

1er (très court) billet : 09/07/2004 > Shrek, Shrek, Shrek hourrah ;

1678 notes ;

5493 commentaires ;

487036 visites.

Merci aux fidèles lecteurs qui, je l’espère, continueront à me suivre dans ma nouvelle maison.

D’origine inconnue, Linwood Barclay

Présentation. Le millionnaire Miles Cookson a tout ce dont il peut rêver. Tout, sauf du temps. Atteint d’une maladie incurable, il doit rapidement mettre à jour son testament. Officiellement, Miles n’a pas de descendance. Sauf que, quelque vingt ans plus tôt, il a vendu son sperme pour financer ses études. Il est le père biologique de neuf enfants, qu’il est déterminé à rencontrer avant de mourir. Première sur la liste, Chloé, vingt-deux ans, trop heureuse de faire la connaissance de ce géniteur. Alors qu’ils se mettent tous deux en quête de ses frères et sœurs, l’euphorie laisse place à l’inquiétude : ils sont introuvables. Plus étrange encore, leurs domiciles sont vides, nettoyés de toute trace de leurs propriétaires…

Mon avis. Excellent ! Des quelques romans de Linwood Barclay lus, celui-ci est incontestablement celui que j’ai le plus apprécié. Impossible de le lâcher une fois commencé…

Le prologue se centre sur Todd Cox, arnaqueur à la petite semaine qui vit seul dans un mobile-home. Il y reçoit la visite de deux censément « inspecteurs », qui sont en réalité des « exécuteurs-nettoyeurs » et feront le travail pour lequel ils ont été rémunérés. Parfaitement. Ou presque.

« – Ça ne devrait pas être long, et vous ne devriez pas rien sentir, expliqua Rhys avec un soupçon de compassion dans la voix. Tout sera bientôt fini. […]

Todd n’était pas encore mort, mais il n’y avait plus assez de vie en lui pour qu’il leur facilite la tâche. Rhys passa les mains sous les bras du jeune homme et le traîna sur le dessus du sac, releva les côtés et les rabattit sur lui, puis entreprit de zipper le sac, en commençant par les pieds.

Il marqua un temps d’arrêt avant de fermer le sac sur le visage de Todd et observa son expression hébétée à l’approche de la mort.

– C’est toujours la partie intéressante, fit-il remarquer. Le moment du décès.

Il ferma le sac. De l’intérieur parvint un mot étouffé de Todd : « Noir ».

– Combien de temps encore ? demanda Kendra.

– Une minute max, répondit Rhys avec un haussement d’épaules. » [p. 17 – 18]

Le récit se poursuit avec un flashback au cours duquel on découvre Miles Cookson, 42 ans, à la tête d’une boîte d’informatique qui cartonne, sportif, au moment où il apprend qu’il est atteint de la maladie de Huntington. Incurable. Sans traitement.

« – On est impuissants, dit Alexandra. La maladie de Huntington… c’est comme si on prenait Alzheimer, Charcot et Parkinson et qu’on les mettait dans un mixer. Vos symptômes se rapprochent beaucoup de ces trois-là.

– En pire.

Elle ne réagit pas. » [p. 27]

Apparaît également la jeune Chloé, un des enfants conçus grâce au sperme vendu par Miles Cookson bien des années plus tôt pour financer ses études. Une jeune femme débrouillarde, au demeurant très sympathique et attachante.

Un autre personnage joue un rôle prépondérant dans le roman, même si on ne le comprendra que bien plus tard : Jeremy Pritkin, homme d’affaires véreux qui navigue dans les hautes sphères et voue un intérêt certain aux (très) jeunes filles. Une crapule finie, richissime, dont l’argent a toujours tout acheté.

« S’il y avait une adresse où faire la fête, c’était bien chez lui. Cela pouvait se comprendre, s’agissant d’un bien évalué à soixante millions de dollars quand il l’avait acheté quatre ans auparavant. S’y côtoyaient des stars de cinéma, des lauréats des Grammy Awards, des candidats malheureux à la présidence, un ancien gouverneur, un avocat célèbre qui dispensait son expertise sur CNN, Fox ou MSNBC, presque chaque soir, un compositeur qu’on invitait encore dans les dîners en ville grâce au Tony Award qu’il avait remporté quinze ans auparavant, et même un cheikh d’un des Émirats, vêtu non pas de sa traditionnelle gandoura blanche, mais d’un jean à mille dollars et d’une chemise en soie dont les trois premiers boutons étaient défaits. » [p. 71 – 72]

Un récit haletant, qui entraîne le lecteur tous azimuts, le ballottant d’une page à l’autre au gré des pistes menant aux descendants de Cookson alors que ceux-ci semblent disparaître sans laisser de traces…

Traduction (anglais Canada) : Renaud Morin.

Titre VO : Find you first (2021).

Un grand merci aux éditions J’ai Lu pour ce SP.

Summit, Mo Malø.

Présentation. Au Groenland, les plus grands flics scandinaves se sont réunis. Le chef de la police locale, Qaanaaq Adriensen, est chargé de les conduire dans le désert glacé de l’inlandsis pour un trek qui doit éprouver leur solidarité. Mais un flic disparaît bientôt, un autre est pris pour cible… Le grand continent blanc se referme sur eux comme un piège.

Mon avis. Toujours un plaisir de plonger dans ce froid glacial – au sens figuré – en compagnie de Qaanaaq…

Contraint et forcé par son supérieur « adoré » Jacobsen, Qaanaaq s’est lancé dans l’organisation d’un « séminaire » censé initier/renforcer la cohésion entre les responsables des diverses polices scandinaves. Pour ce faire, il s’est agi de se lancer dans un trek sur l’immensité de l’inlandsis.

« Las, la Fourmi ne lui avait guère laissé le choix. Un impératif que Karl Brenner, le vieux complice d’Adriensen, depuis peu à la retraite, lui avait confirmé au téléphone quelques jours plus tôt :

– Si j’étais toi, j’accepterais.

– Ah bon ? Et pourquoi je n’aurais pas mon mot à dire ?

Après tout, et en dépit de la tutelle danoise qui persistait, il était bien le patron de la police groenlandaise. À ce titre, il demeurait seul décisionnaire de ce qui se déroulait sur son territoire en matière de sécurité.

– Parce que d’après ce qui circule à Niels Brocks Gade, le ministère de l’Intérieur envisagerait de transformer ton Politigarden en vulgaire poste de province. Du genre tampons sur les passeports et patrouilles de proximité. Exit les enquêtes criminelles. » [p. 24]

Alors que Massaq la trouve franchement saumâtre, elle « s’adoucit » en décidant d’accompagner son mari, ne lui laissant évidemment pas le choix.

« Leur étrange « voyage de noces » pouvait commencer. » [p. 34]

L’expédition ne va bien sûr pas se dérouler comme prévu – si tant est qu’on puisse vraiment prévoir les choses en ce milieu -. Premier événement de mauvais augure : la disparition de Jonas Horason, le représentant de la police judiciaire islandaise.

« Au-delà du scepticisme que lui inspirait une telle initiative, Qaanaaq ne pouvait s’empêcher de nourrir une intuition funeste – et les intuitions, il en faisait son ordinaire. La disparition de Jonas Horason sonnait à ses oreilles comme le premier d’une longue série de glas. Le tocsin annonciateur d’un enchaînement funeste. » [p. 35 – 36]

Indépendamment de l’enquête particulièrement difficile, il est ici question de survivre, « juste » survivre au froid, en s’épiant mutuellement…

« Soudain, les points lumineux des traîneaux rouge et noir disparurent de l’écran. De concert. Comme si, des tréfonds de l’inlandsis, un nouveau monstre invisible avait jailli pour les prendre dans sa gueule, et les avaler. » [p. 149]

« Son regard cherchait dans l’immensité des réponses que celle-ci lui refusait obstinément. À ses innombrables questionnements, ne répondait que le souffle entêtant du blizzard.

Tu ne sais rien. Tu n’es rien.

Et si la folie polaire avait déjà pris le relais de la furie destructrice des hommes ? » [p. 187]

La fin ouvre une nouvelle fois la porte à de nouveaux éléments relatifs au passé de Qaanaaq. À suivre donc…

La trilogie des ombres, 3 : Le Sacre des Impies, Ghislain Gilberti

Présentation. 1995, Strasbourg voit éclore une organisation qui met au point un système criminel étanche et sécurisé. L’enfance cauchemardesque de ses membres explique les raisons du Mal qui les ronge. Est-il possible que les fondations de l’organisme dissimulent d’obscurs secrets ?

2011, Cécile Sanchez, qui avait juré de ne plus jamais travailler sur cette affaire, est rattrapée par une conviction. Pour la commissaire, c’est un dernier plongeon qui va précipiter les événements.

Après Sa Majesté des Ombres et Les Anges de Babylone, ce troisième et dernier tome de la Trilogie des ombres embarque le lecteur dans le passé de ces monstres un peu trop humains.

Mon avis. Une brique – près de 900 pages – pour terminer la série, aussi prenante que les tomes précédents…

Cet opus se focalise en majeure partie sur les membres fondateurs de Borderline et propose ainsi un éclairage significatif sur leurs jeunes années, permettant de « comprendre », tant que faire se peut, comment ils en sont arrivés à devenir le groupe craint de tous.

Chacun a vécu des traumatismes – non des moindres – qui l’ont endurci, le Mal trouve ses racines dans leurs jeunes années.

« Il est loin le petit garçon discret qui a débarqué dans sa vie, il y a de ça des années, pour ne plus la quitter. Il en a fait du chemin, pour cause : il a dû remonter des enfers. Elle repense à cette rencontre improbable, à ce qu’elle a été obligée de faire pour briser la glace.

Même si ça lui a demandé beaucoup de patience, elle est parvenue à provoquer une réaction de sa part. Ça a été le point de départ de ce mode de vie clandestin, mais aussi de l’amour absolu qui a fini par naître et qui la lie à Faust aujourd’hui.

Elle s’en souvient comme si c’était hier. Elle n’avait que huit ans, mais elle peut revivre ces instants au détail près tant les émotions de cette période sont marquées au fer rouge. » [p. 51]

« La benjamine de leur cercle, qui n’avait que 13 ans, était prostrée dans un coin, entre le mur et la balustrade. Elle était en robe de chambre, les cheveux en désordre cachaient partiellement son visage. Ses pieds nus, en sang, ravagés par sa fuite, tremblaient dans un séisme qui saisissait tout son corps. Ses yeux cernés, rougis, étaient écarquillés par une hypervigilance symptomatique d’un choc post-traumatique violent. Ils étaient semblables à deux papillons de nuit autour d’une lampe, courant dans l’espace autour d’elle sans arriver à se poser sur rien ni sur personne. Ses lèvres entrouvertes laissaient échapper un flot indistinct de sons qui formaient un ensemble effroyable murmuré. Il en sortait des mots éparpillés et incohérents, des spasmes respiratoires, des gémissements et des sanglots étouffés.

Elle serrait ses genoux contre sa poitrine, avec tant de force que ses ongles pénétraient sa peau. Entre ses jambes une flaque de sang s’était répandue sur le plancher. » [p. 150]

Le roman alterne donc passé et présent et Cécile Sanchez ne réapparaît que bien plus tard, « forcée » de replonger dans un enfer qu’elle avait décidé de laisser derrière elle…

« Cent trente-deux personnes sont mortes hier matin. » [p. 377]

Inutile de dire que cet opus ne fait pas dans la dentelle et que, comme de coutume, certains des protagonistes « importants » vont payer le prix fort…

Merci aux éditions J’ai Lu pour ce SP.

Mohammad, ma mère & moi, Benoît Cohen

Présentation. Marie-France, la mère de Benoit Cohen, vit seule dans son appartement bourgeois du centre de Paris. Lorsqu’elle entend parler à la radio d’une association qui met en contact des réfugiés avec des personnes ayant la possibilité de les accueillir, elle décroche son téléphone pour se porter volontaire. Quelques jours plus tard, Mohammad, jeune Afghan de vingt ans à peine, débarque dans sa vie. Ces deux êtres qui n’ont rien en commun vont devoir apprendre à vivre ensemble.


Mon avis. Un éclairage interpellant sur le parcours difficile de ceux que l’on appelle « migrants »…

Le récit alterne les chapitres consacrés à l’histoire de Mohammad, un jeune Afghan fraîchement débarqué en France qui a trouvé un refuge en l’appartement cossu de Marie-France, la mère de l’auteur, et ceux consacrés à l’auteur lui-même, qui a quitté la France avec sa famille pour s’installer à New York. Ce dernier entreprendra de raconter, si tant est que cela soit possible, l’histoire de Mohammad…

« J’ai vingt-trois ans, je mesure 1,68 mètre et j’ai envie de mourir. Je suis fatigué. Épuisé par ce fardeau que je traîne fermement attaché à mon cœur et qui grossit de jour en jour. Je ne veux plus de cette vie. J’ai pourtant essayé. Je me suis battu. J’ai déplacé des montagnes. Je ne me suis jamais laissé abattre. Mais, étrangement, maintenant que je suis enfin posé, en sécurité, je n’ai plus la force de continuer. Je vais me détacher de tout ce qui me fait souffrir. J’ai toujours su qu’il était plus difficile de vivre que de mourir. » [p. 21]

Le livre raconte les jeunes années de Mohammad en Afghanistan et Iran jusqu’à son exil forcé alors qu’il n’a jamais véritablement trouvé sa place au sein de sa famille, lui qui se sentait différent et n’avait l’heur de plaire qu’à sa mère. Il souffre de n’être « rien » et espère qu’en France, il trouvera à tout le moins de la considération et du respect.

« Nouvel avion. Nouvelle destination. Nouvel espoir. Nouvelle vie ?  » [p. 123]

Quelle désillusion quand enfin il arrive dans ce pays de ”liberté, égalité, fraternité ». Qu’il est difficile de faire des choix qui conditionneront la suite de son existence. D’une manière ou d’une autre. Au risque de perdre le peu qu’il possède encore…

« Jusque-là, il n’a jamais renoncé à ses rêves, continuant à croire qu’il pourrait faire des études, peut-être même fonder une famille. Mais pour la première fois, il se dit que ce ne sont que des chimères, qu’il n’y arrivera jamais. » [p. 144]

Un grand merci aux éditions J’ai Lu pour ce SP.

Hamster, bretzels & mariage à Noël, Ena Fitzbel

Présentation. Être organisatrice de mariages demande un sang-froid à toute épreuve. Et le professionnalisme d’Amandine, dirigeante de Maât Event, n’est plus à prouver. Lorsque sa cliente actuelle – sa meilleure amie Lorraine – annonce qu’elle souhaite avancer le grand jour au 24 décembre, d’aucuns auraient succombé à la panique. Pas elle ! Mais quand elle apprend qu’elle devra travailler sous les ordres du très tyrannique Romain, le frère de la fiancée, elle comprend immédiatement que les coups bas et les petites piques ne seront pas à exclure. Une seule certitude : la guerre est déclarée !

Mon avis. Très très peu d’intérêt…

J’aime lire de temps à autre ce que l’on nomme roman « feel good », où, dès les premières pages, on sait pertinemment ce qu’il va se passer, à l’instar des « films de Noël ». La sauce n’a cependant pas pris cette fois, principalement à cause du « caractère de cochon » – et non, tout n’est pas forcément bon dans le cochon – du « héros » – j’aurais presque envie d’écrire du « zéro » – masculin, l’imbuvable Romain qui, hormis son argent et son physique avantageux, n’a absolument rien pour lui. Son arrogance, sa condescendance à l’égard du « commun des mortels » sont insupportables. Alors donc, comment imaginer qu’il finisse par trouver grâce aux yeux d’Amandine alors qu’il n’a rien fait, absolument rien pour ça ? C’est, selon moi, tout bonnement inconcevable…

Un coup dans l’eau…

La détresse des roses, Jack Jakoli

Présentation. Les tuer après avoir abusé d’elles ne lui suffit pas.
C’est en les dépeçant qu’il accède à la plus grande jouissance. Et parce qu’il est fier de lui, fier de son pouvoir sur ces femmes, il faut que le monde sache. Alors il expose son œuvre, en disséminant des fragments. Ici un tronc, là un bassin, ailleurs une tête.
Des deux côtés de la frontière franco-belge débute alors une enquête qui marquera les esprits. Particulièrement celui de Mélanie Penning, en poste à la Crim depuis un an.
Seule femme aux homicides, elle a tout à prouver et ne compte pas laisser ce prédateur continuer à faire son marché dans le monde de la nuit. Là où sa jeune sœur a ses habitudes.

Mon avis. Un régal, si j’ose dire…

J’ai profité du récent salon littéraire organisé à Mons pour tailler une bavette avec l’auteur et acheter ce « roman ». Les guillemets s’expliquent en raison de l’affaire appelée du « dépeceur de Mons » qui a réellement secoué la région dans les années nonante. Nous n’avons pas oublié…

L’auteur en a tiré un récit qui se lit en deux temps trois mouvements grâce aux chapitres courts qui lui confèrent un rythme effréné. Autant dire qu’aussitôt commencé, aussitôt terminé.

Les chapitres se focalisent tantôt sur Mélanie, une enquêtrice douée, perspicace, tourmentée également, mais nullement reconnue à sa juste valeur par ses pairs masculins, hormis son supérieur qui doit cependant composer avec personnes et situations ; tantôt sur le tueur lui-même, qui prend son pied (!) en faisant souffrir et en dépeçant ses victimes, (jeunes) femmes peu conventionnelles. Un homme qui ne souhaite évidemment pas se faire prendre, mais veut que sa « belle ouvrage » soit (re)connue à sa « juste valeur » et pour ce faire, joue au chat et à la souris avec les forces de l’ordre, à l’époque gendarmerie et police pas encore « fusionnées » ; la réforme des polices qui conduira aux deux niveaux que nous connaissons aujourd’hui – fédéral et local – ne sera effective qu’ultérieurement.

« À la criminelle.

Un an donc qu’elle était devenue enquêtrice et bataillait pour se faire une place parmi ceux qui avaient de l’expérience, de la bouteille, celle-là même qui diffusait l’odeur cuivrée du sang comme parfum d’ambiance. » [p. 44]

« Mélanie soupira en entendant la voix de Christophe Dufour dans son dos. Depuis son arrivée dans le service, le grand roux au teint laiteux n’avait eu de cesse de la piquer dès que l’occasion se présentait. Mélanie était devenue en quelque sorte son souffre-douleur discret, un véritable harcèlement dissimulé derrière des taquineries sexistes qui faisaient sourire ou rire une bonne partie des gens de l’unité. » [p. 48]

« Il retourna dans la cuisine. Du salon, on pouvait l’entendre fouiller dans ce qui s’apparentait à une boîte métallique. Lorsqu’il réapparut, il tenait une scie à métaux. En deux pas de plus, il était près d’elle.

À portée.

À la manière d’une batte de baseball, il fit reposer l’outil sur sa propre épaule.

– Il est temps que tu marques les esprits. Je te découperai demain soir.

Le regard vide et la peau blanche comme l’os, la brune ne remua pas un cil. Cela faisait presque trois heures qu’elle se trouvait dans le même état que la rue.

Morte. » [p. 69 – 70]

J’ai beaucoup apprécié ce livre, tant pour l’enquête elle-même, son rythme enlevé ainsi que les personnages, principalement Mélanie, non dépourvue de « côtés sombres ». J’ai passé en outre du temps à (re)lire des articles relatifs à l’affaire, qui approche bientôt du délai de prescription…

Parce que le ridicule ne tue pas, j’avoue que je n’avais pas compris un chapitre qui m’avait laissée perplexe, je me suis donc renseignée à la source, autrement dit auprès de l’auteur.

Je vous conseille cette lecture, davantage encore si vous vivez dans la région montoise puisque les lieux et rues évoqués vous rappelleront inévitablement certains faits… Le livre sort justement très bientôt en poche.

La trilogie des ombres, 2 : Les Anges de Babylone, Ghislain Gilberti

Présentation. Débarquée de l’enquête sur Borderline, Cécile Sanchez revient sur le terrain lorsqu’une guerre des ombres éclate entre de nouveaux caïds et le Réseau Fantôme. D’autant que l’un des leaders de l’organisation criminelle vient de sortir de prison, plus dangereux et instable que jamais.

Au cœur de cette lutte des territoires, les Anges de Babylone, une nouvelle unité qui a grandi dans l’ombre de Borderline, s’apprête à se déployer et à étendre son emprise. […]

Mon avis. Une suite digne du premier opus…

À peine le premier tome terminé, Sa majesté des ombres, j’ai enchaîné avec celui-ci. Et je l’ai tout autant apprécié.

Le prologue met en scène une confrontation, au paroxysme de la haine, digne d’un duel, au féminin cette fois, cher aux westerns spaghettis.

« Il est évident que l’une d’elles va mourir ce soir, dans cette rue. Les deux peut-être. Cécile Sanchez et Lolita No en sont conscientes. » [p. 14]

Nous découvrirons l’issue de ce duel bien plus tard dans le roman.

La première partie se déroule quelques mois plus tôt, en mars 2011, alors qu’un gang a désormais pris la place laissée vacante par le démantèlement apparent de Borderline. Les bases sont posées afin d’amener la suite : la résurgence de Borderline, sous l’égide prépondérante de Netchaïev, récemment sorti de prison. Même si l’Hydre a sept têtes et que l’ancien taulard ne peut prendre seul des décisions importantes, force est de constater que son pouvoir de persuasion est intact, voire renforcé.

L’objectif du groupe va au-delà du « simple trafic de stupéfiants », les contours de leur plan commencent à d’esquisser, même si nous n’en comprenons pas encore les tenants et aboutissants. Seule certitude : leurs trafics divers sont un moyen d’arriver à leurs fins.

Revient dans la bataille Cécile Sanchez, bien décidée à venir à bout de l’organisation. Malheureusement, les parasites œuvrent toujours en catimini, ainsi Frietblatt et ses sous-fifres.

« L’inquiétude demeure malgré tout. Cette femme devient vraiment très gênante et le divisionnaire imagine un instant à quel point il serait tranquille si cette fouille-merde venait à être victime d’un accident fatal, un drame que personne ne pourra lui reprocher. » [p. 377]

Impossible de résister à cette nouvelle plongée dans les tréfonds de cette criminalité organisée, retorse et oh combien intelligente. Impossible de ne pas trembler pour ceux qui risquent d’y laisser leur peau. Impossible de ne pas souffrir aux côtés des innocents sacrifiés à l’aune des dieux argent et pouvoir. Une scène est particulièrement difficile à lire : on ne s’attaque pas impunément à l’organisation.

« Nouvelle plongée dans l’univers parallèle du dark web, l’endroit où la forme virtuelle du Mal absolu réside, les fosses pixélisées de l’enfer. » [p. 521]

Côté personnages, les femmes tirent particulièrement leur épingle du jeu : je retiens entre autres Cécile Sanchez, bien évidemment, la commissaire Sandrine Torterotot, ainsi que, dans le camp adverse, Kabuki.

À bientôt pour le troisième tome, Le sacre des impies.

Un grand merci aux éditions J’ai Lu pour ce SP.

La trilogie des ombres – 1 : Sa majesté des ombres, Ghislain Gilberti

Présentation. Un cartel d’un nouveau genre, invisible et sans pitié.

Une drogue d’une pureté inédite.

Un réseau de dealers sous pression, déployé à travers l’Europe et isolé de la tête de l’organisation. Quand ils sont arrêtés, ils se révèlent incapables de livrer le moindre indice sur leur commanditaire. Si leurs cadavres ne jonchent pas déjà le pavé…

Pour faire face à ces méthodes d’un genre sans précédent, on fait appel à une légende de la police judiciaire aux dons de mentaliste : Cécile Sanchez.

Mon avis. Un « tourne-pages » diablement efficace !

Une brique de 700 pages lue en 3 jours, cela ne m’était plus arrivé depuis des lustres.

Outre le prologue et l’épilogue – qui appelle le tome 2 – le récit se divise en 4 parties : Genèse relate des événements survenus en 2003 en Alsace, à savoir une enquête difficile relative à un groupe de trafiquants de drogues extrêmement organisé qui ne laisse rien au hasard et élimine sans état d’âme pourvoyeurs et revendeurs dès lors qu’ils sont dans le viseur de la police. Et cela, sans laisser de traces susceptibles de remonter à la/aux tête(s) pensante(s). Des fantômes, des ombres à proprement parler…

Focus sur Michel Grux, lieutenant au commissariat central de Mulhouse, aux méthodes musclées et peu orthodoxes. Le « Chacal ». Il est décidé à tout mettre en œuvre pour enfin faire tomber le réseau, absolument tout. Un personnage ni tout blanc ni tout noir, une espèce d’Inspecteur Harry à la française, qui choque profondément. Et pourtant, au fur et à mesure que l’on découvre les atrocités commises par ces « ombres », on comprend la rage qui l’anime. Paroxysme de violence : ce que l’on a appelé l’affaire de la Villa Venezia, clôturée de manière expéditive car « il faut » parfois s’efforcer d’enfouir le plus profondément possible certaines choses…

« Christophe vient de sortir du bureau du magistrat instructeur qui a annoncé la clôture de l’enquête. […]

Et à présent, dans la salle de bain, après une toilette rapide, l’absorption de deux comprimés de Lexomil, il s’apprête à aller se coucher, en espérant que ses cauchemars récurrents cessent avec la fermeture de ce foutu dossier. Il compte sur l’oubli et sur le temps, il prie intérieurement pour que le calvaire cesse, effacer ces images, ces flammes et tout ce sang et reprendre sa vie en main.

Il finit par s’effondrer comme une masse, plongé dans un sommeil chimique profond. Mais dans cette chute intérieure, la Villa Venezia est là. Elle l’attend, intacte. Et une armée d’ombres survivantes se presse entre ses murs blancs, tachés du sang de ses collègues. Nouveaux cauchemars, l’horreur des nuits agitées. Le prolongement du calvaire. » [p. 162 – 163]

Bond dans le temps avec Exode : nous nous retrouvons en 2010 en compagnie de Cécile Sanchez, spécialisée en criminologie, membre de l’Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP). Elle débarque à Strasbourg avec son expertise et sa science et découvre vite que l’enquête qui l’a conduite là semble avoir un lien avec les événements survenus sept ans auparavant, quoi qu’en dise le commissaire Frietblatt, un « connard de première »…

« L’homme se met à la toiser, affichant un sourire qui mêle irritation et ironie. Il ne supporte pas d’être contredit, montre son ressentiment sans chercher à l’atténuer. » [p. 269]

J’ai beaucoup aimé ce roman, tant pour le personnages – Sanchez et les personnages féminins sortent souvent du lot – que pour l’intrigue qui ne laisse rien au hasard. Aucune complaisance à l’horizon dans le chef des têtes pensantes de Borderline : c’est le cœur serré que l’on assiste à la mort de certain(e)s.

Chose qui m’arrive très rarement : la dernière page tournée, j’ai enchaîné avec le tome 2, Les Anges de Babylone.

Un grand merci aux éditions J’ai Lu pour ce SP.

Secrets boréals, Anna Raymonde Gazaille

Présentation. C’est dans un village aux confins de la forêt boréale québécoise que Brigit est venue se réfugier pour fuir son passé. Elle a décidé de se reconstruire au cœur des paysages sauvages et somptueux du Grand Nord. Mais le malheur semble la poursuivre jusque dans la petite communauté. Dans un ravin non loin de là, elle découvre le cadavre d’une gamine récemment portée disparue. Un inspecteur de la capitale est chargé de l’affaire et Brigit, tiraillée entre la nécessité de taire ses secrets et son implication dans l’enquête, voit ressurgir ses hantises et le souvenir des événements tragiques de son ancienne vie.

Mon avis. Une enquête au sein d’un milieu qui ne fait pas de cadeaux…

Brigit, bientôt la cinquantaine, vit depuis trois ans en ermite ou presque en bordure du lac Noir, non loin de la forêt boréale québécoise. Pour « justifier » ses revenus auprès des locaux, elle revend le fruit de ses cueillettes à Laurent, le chef français d’une excellente table de la région. Elle évoque également de fausses révisions de textes pour des magazines.

« Depuis trois ans qu’elle vit là, elle a réussi à apaiser leur méfiance sans toutefois se faire totalement accepter. Pour eux, elle reste cette étrangère de la ville, venue s’installer dans la maison du vieux Camille Borduas. […]

Les réflexes anciens ont refait surface. Les apprentissages de l’enfance restés en dormance pendant toutes ses années de citadine lui servent à présent à reconstruire son quotidien. Une fille des bois, égarée un temps en ville, revenue puiser à même la forêt boréale la sève d’une vie nouvelle. » [p. 12]

Brigit s’est réfugiée en cet endroit reculé, surveillant constamment ses arrières, car elle cache des secrets. Or elle se retrouve bien malgré elle au cœur d’une enquête pour homicide puisque c’est elle qui, au cours d’une de ses promenades, a découvert la jeune victime, récemment disparue. De quoi attirer l’attention sur elle.

« Elle se penche pour mieux voir et son cœur cesse de battre le temps d’appréhender le contour d’un poignet prolongé d’une main fine et blanche. C’est le verre d’une montre qui lance des appels aux rayons qui la frappent.

Brigit se lève. Elle cherche par où il sera moins périlleux de descendre. En amont, des rochers font un semblant d’escalier. Elle n’aura plus qu’à suivre le cours d’eau jusqu’à ce bras, dont elle ne doute pas à qui il appartient. Les pieds dans l’eau jusqu’aux chevilles, elle approche et découvre la tête de la fillette. Elle repose sur une grosse pierre maculée de sang. » [p. 26]

L’enquête à proprement parler est régulièrement entrecoupée de pages centrées sur une certaine Dana, au service d’une ONG œuvrant en Afrique, là où des bandes de mercenaires, à la solde de chefs de guerre, commettent les pires exactions à l’égard des civils.

« Les fumerolles de l’incendie montent encore des madriers et du toit en partie effondré. Des cadavres carbonisés gisent çà et là. Beaucoup de petites silhouettes recroquevillées sous ce qui furent des pupitres, dans l’espoir d’échapper aux flammes. Des mères agrippées à leurs enfants. Tout raconte la chronologie du carnage. » [p. 36]

L’enquête, dirigée par le séduisant inspecteur Kerouac dépêché sur place, s’enlise ; il pourra cependant compter sur l’aide (in)volontaire d’une Brigit qui l’attire et qu’il attire beaucoup. Au risque de faire voler en éclats « l’image » que Brigit s’est construite.

Un récit au cœur duquel les secrets sont omniprésents…

Merci aux éditions J’ai Lu pour ce SP.

Sans regret, Colleen Hoover

Présentation, Après la mort inattendue de son père, Layken emménage dans une petite ville du Michigan avec sa mère et son jeune frère. Elle est le roc de la famille, mais, en son for intérieur, elle est désespérée.

Une rencontre va tout changer : Will Cooper, son séduisant nouveau voisin, passionné de poésie slam et doté d’un sens de l’humour unique.

Peu de temps après un premier rendez-vous parfait, le quotidien reprend ses droits et apporte avec lui un obstacle infranchissable. Layken et Will pourront-ils se relever de cet énième coup du sort ?

Mon avis. Un récit agréable, sans prétention, mais que j’ai lu quasi d’une traite…

Le centre de l’histoire, c’est la relation pour le moins chaotique entre Lake(n) et Will. Lake, son frère Kel et sa maman viennent de quitter leur Texas natal suite au décès de leur père et mari pour emménager à Ypsilanti, dans le Michigan, juste en face de la maison de Will et son frère Caulder.

Lake est en colère, elle souffre terriblement du décès de son papa et en veut à sa maman du déménagement.

 » – Lake, arrête de bouder, dit ma mère en me tendant les clefs de la maison. Je suis sûre que tu vas adorer le Michigan. […]

– Maman, arrête de croire aux miracles, je rétorque en imitant sa voix. Je vais détester le Michigan. » [p. 11 – 12]

Le courant passe d’emblée entre Lake et Will, si bien qu’il l’invite à assister à une soirée slam, sa passion, lui laissant penser que finalement, le Michigan est susceptible de lui plaire.

« – Alors, comment ça s’est passé ? C’est un tueur en série ? me demande-t-elle ?

Je n’arrive pas à réprimer mon sourire. Je m’approche du canapé face au sien et m’affale dessus comme une poupée de chiffon en soupirant.

– Tu avais raison, Maman. J’adore le Michigan. » [p. 62]

Tout aurait pu être « bien dans le meilleur des mondes », mais la vie en a décidé autrement, au grand dam des jeunes gens.

« Dès que je regagne ma chambre, je m’effondre sur mon lit, en pleurs. J’ai enfin trouvé l’inspiration pour mon poème, même si elle est négative. J’attrape un stylo et me mets à écrire, tout en essuyant les larmes qui tombent sur la feuille de papier. »

Une lecture qui évoque l’amour bien évidemment, mais également le deuil, la maladie et la poésie, sur fond des chansons des Avett Brothers – que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam.

Traduction (anglais USA) : Cécile Tasson.

Titre VO : Slammed (2012).

Merci aux éditions J’ai Lu pour ce SP.