La détresse des roses, Jack Jakoli

Présentation. Les tuer après avoir abusé d’elles ne lui suffit pas.
C’est en les dépeçant qu’il accède à la plus grande jouissance. Et parce qu’il est fier de lui, fier de son pouvoir sur ces femmes, il faut que le monde sache. Alors il expose son œuvre, en disséminant des fragments. Ici un tronc, là un bassin, ailleurs une tête.
Des deux côtés de la frontière franco-belge débute alors une enquête qui marquera les esprits. Particulièrement celui de Mélanie Penning, en poste à la Crim depuis un an.
Seule femme aux homicides, elle a tout à prouver et ne compte pas laisser ce prédateur continuer à faire son marché dans le monde de la nuit. Là où sa jeune sœur a ses habitudes.

Mon avis. Un régal, si j’ose dire…

J’ai profité du récent salon littéraire organisé à Mons pour tailler une bavette avec l’auteur et acheter ce « roman ». Les guillemets s’expliquent en raison de l’affaire appelée du « dépeceur de Mons » qui a réellement secoué la région dans les années nonante. Nous n’avons pas oublié…

L’auteur en a tiré un récit qui se lit en deux temps trois mouvements grâce aux chapitres courts qui lui confèrent un rythme effréné. Autant dire qu’aussitôt commencé, aussitôt terminé.

Les chapitres se focalisent tantôt sur Mélanie, une enquêtrice douée, perspicace, tourmentée également, mais nullement reconnue à sa juste valeur par ses pairs masculins, hormis son supérieur qui doit cependant composer avec personnes et situations ; tantôt sur le tueur lui-même, qui prend son pied (!) en faisant souffrir et en dépeçant ses victimes, (jeunes) femmes peu conventionnelles. Un homme qui ne souhaite évidemment pas se faire prendre, mais veut que sa « belle ouvrage » soit (re)connue à sa « juste valeur » et pour ce faire, joue au chat et à la souris avec les forces de l’ordre, à l’époque gendarmerie et police pas encore « fusionnées » ; la réforme des polices qui conduira aux deux niveaux que nous connaissons aujourd’hui – fédéral et local – ne sera effective qu’ultérieurement.

« À la criminelle.

Un an donc qu’elle était devenue enquêtrice et bataillait pour se faire une place parmi ceux qui avaient de l’expérience, de la bouteille, celle-là même qui diffusait l’odeur cuivrée du sang comme parfum d’ambiance. » [p. 44]

« Mélanie soupira en entendant la voix de Christophe Dufour dans son dos. Depuis son arrivée dans le service, le grand roux au teint laiteux n’avait eu de cesse de la piquer dès que l’occasion se présentait. Mélanie était devenue en quelque sorte son souffre-douleur discret, un véritable harcèlement dissimulé derrière des taquineries sexistes qui faisaient sourire ou rire une bonne partie des gens de l’unité. » [p. 48]

« Il retourna dans la cuisine. Du salon, on pouvait l’entendre fouiller dans ce qui s’apparentait à une boîte métallique. Lorsqu’il réapparut, il tenait une scie à métaux. En deux pas de plus, il était près d’elle.

À portée.

À la manière d’une batte de baseball, il fit reposer l’outil sur sa propre épaule.

– Il est temps que tu marques les esprits. Je te découperai demain soir.

Le regard vide et la peau blanche comme l’os, la brune ne remua pas un cil. Cela faisait presque trois heures qu’elle se trouvait dans le même état que la rue.

Morte. » [p. 69 – 70]

J’ai beaucoup apprécié ce livre, tant pour l’enquête elle-même, son rythme enlevé ainsi que les personnages, principalement Mélanie, non dépourvue de « côtés sombres ». J’ai passé en outre du temps à (re)lire des articles relatifs à l’affaire, qui approche bientôt du délai de prescription…

Parce que le ridicule ne tue pas, j’avoue que je n’avais pas compris un chapitre qui m’avait laissée perplexe, je me suis donc renseignée à la source, autrement dit auprès de l’auteur.

Je vous conseille cette lecture, davantage encore si vous vivez dans la région montoise puisque les lieux et rues évoqués vous rappelleront inévitablement certains faits… Le livre sort justement très bientôt en poche.

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