Le jeu de l’ombre, Sire Cédric

Présentation.  Mais que pouvait bien chercher Malko Swann cette nuit-là ? Une overdose d’adrénaline, la sensation ultime, le sentiment de liberté ?

Pourquoi roulait-il aussi vite en pleine nuit sur une route de campagne étroite et sinueuse jusqu’à faire une chute de trente mètres en bas du pont du Diable ?

Atteint d’un traumatisme inexplicable, le musicien est désormais incapable d’entendre la musique. Mais il ne s’agit que du début de sa déchéance. Dans l’ombre, quelqu’un l’observe… quelqu’un qui veut jouer avec lui. Un jeu a goût de sang… Il s’engage alors dans un combat désespéré.

L’art singulier du suspense de Sire Cédric, sa fascination du vertige et son plaisir manifeste à manipuler le lecteur donnent à ce roman une saveur particulière : l’envie de sympathiser, le temps d’un livre, avec ceux qui sont tombés dans l’obscurité du mal.

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Mon avis ? Je suis tombée dans une embuscade ou plus exactement, je me suis lancée volontairement dans une embuscade.  C’est ainsi qu’alors que je devais consacrer mon W-E à préparer l’examen de 4è, j’ai commencé vendredi soir la lecture de Le jeu de l’ombre de Sire Cédric (brillante illustration de « faites ce que je dis mais pas ce que je fais » en matière de recommandation de méthode de travail ; bref). Petite précision : lorsque je l’avais rencontré au Festival Trolls et Légendes à Mons le mois dernier, je lui avais demandé quel récit découvrir, sachant que j’avais apprécié L’enfant des cimetières mais que j’en avais trouvé certaines scènes un peu trop « ‘gore » à mon goût.  Il m’avait alors conseillé ce roman. 

Hé bien, j’ai eu raison de l’écouter puisque je me suis laissé happer par ce récit que j’ai terminé dimanche soir.  Résultat : l’examen que j’évoquais ci-dessus n’est pas encore terminé et j’ai toujours une montagne de journaux de lecture qui attendent les remarques de mon bic pas forcément rouge…

Deux chemins tracés dans ce roman : celui de Malko (c’est le cas de le dire), sorti miraculeusement indemne de ce terrible accident de voiture.  Une star de la musique qui cristallise les vices inhérents à « sa condition », à savoir le luxe (à outrance), l’alcool (beaucoup), la drogue (cocaïne) et les femmes. Toutes. Celles qui sont « demandeuses » et elles le sont souvent, pour ne pas dire toujours.  Celles qui se donnent à lui en espérant un tant soit peu de considération.  Mais non.  Malko use et abuse de ces (jeunes) dames pour ensuite très vite les jeter avant de passer à la suivante.  Illusion maladive de pouvoir.

Il garde pourtant de cet accident une séquelle horrible pour un musicien : il n’entend plus la musique ; plus la moindre note.  Et ce n’est que le début d’une spirale infernale (!) car Malko voit et perçoit des choses étranges… jusqu’à l’innommable : une de ses maîtresses est assassinée sous ses yeux sans qu’il soit capable de bouger le petit doigt…  Engrenage fatal pour lui qui en arrive à se demander s’il n’est pas en train de sombrer dans la folie… Et malgré ses conquêtes d’un soir, Malko est profondément seul, d’autant qu’il ne peut se confier à l’ami de toujours, l’indéfectible Jack.  Cette histoire-là est écrite dans le registre temporel du présent et alterne avec le registre du passé employé pour l’autre partie de la trame, avec le retour de Vauvert.

Car le commissaire Alexandre Vauvert mène de nouveau son enquête et j’ai retrouvé avec un réel  plaisir ce « colosse au visage couturé ».  Le corps d’une jeune femme vient d’être retrouvé dans le canal, il a séjourné quelque temps dans l’eau mais a été « relativement bien conservé » grâce au film de plastique qui « l’emballait ». On suit alors Vauvert et son équipe, Vauvert et son idéalisme, Vauvert et ses intuitions, à moins qu’il ne s’agisse de son instinct ?  Retrouver le commissaire, c’est refaire un bout de chemin avec celui qui fut, voici quelques mois, un « compagnon de lecture ».  Comme une visite occasionnelle mais tout à fait plaisante.

Gravitent non loin de ces deux protagonistes que tout oppose des personnages intéressants qui donnent également de la consistance à l’intrigue : je pense à l’un des hommes du commissaire, Larrieu, ce « gamin » qui semble avoir bien des choses à cacher et que l’on aimerait pousser à se confier au « Chef » ; Charles Belleville, l’ordure politicienne dont on espère la perte ; ou encore Vargas, pisteur, tortionnaire et tueur hors pair.

La toile du récit se tisse ainsi patiemment, chaque élément finissant par trouver la place exacte qui lui revient.  Soudain surgissent quelques soupçons relatifs au tueur, celui qui « joue avec Malko ».  Oups. S’il avait été question de parole, je dirais que j’en suis restée sans voix mais comme je ne parle pas en lisant (!), je préciserai que j’ai interrompu quelques minutes ma lecture, souffle coupé, « digérant » ce que je pensais entrevoir.  Et attendant d’éventuelles confirmations ou infirmations.

Si vous disposez d’un peu de temps (inutile de prévoir des semaines, vous n’aurez de toute façon qu’une envie une fois le livre commencé : continuer), lancez-vous dans cette histoire prenante, haletante…

5 réflexions au sujet de « Le jeu de l’ombre, Sire Cédric »

  1. Très belle chronique que je partage entièrement. Une fois commencé, difficile de lâcher le livre. Et ce fut une bonne surprise pour moi de retrouver Vauvert car je ne m’y attendais pas.

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