Nos éclats de miroir, Florence Hinckel

Présentation de l’éditeur. Je m’appelle Cléo, et j’aurai bientôt 15 ans, 1 mois et 20 jours. Cette date est importante pour moi, car c’est à cet âge-là que tu es morte, ma chère Anne Frank. Tu es mon écrivaine préférée ! Alors j’ai décidé de m’adresser à toi dans ce nouveau carnet. Je vais te raconter ce qui m’interroge, me fait rire ou me bouleverse. Toutes ces choses que je n’oserais jamais dire à voix haute : le voile devant les yeux de ma mère ; ma meilleure et parfois cruelle amie Bérénice ; ma grande sœur, si forte et déterminée ; Dimitri, mon amour d’enfance perdu de vue ; la complexité du monde. Mais aussi mon reflet, si mouvant qu’il m’échappe… ou parfois se brise.

Je vais te parler de nos éclats de miroirs.

Les tiens, les miens, les leurs.

Couverture Nos éclats de miroir

Mon avis. Des éclats brillants, touchants, émouvants, percutants…

J’ai été touchée par la plume de l’auteure relatant des « éclats de vie » de Cléo, une adolescente qui tient un journal intime adressé à Anne Frank, alors qu’elle est près d’atteindre l’âge qu’avait Anne au moment de la mort.

   « Il me sera difficile de dépasser quinze années, un mois et vingt jours, âge où tu as écrit pour la dernière fois dans ton journal. J’aurais l’impression de te trahir. Je pense qu’après cet âge, je ne pourrai plus t’écrire. » [p. 9 – 10]

L’existence de Cléo évolue dans toutes les directions, sans fil conducteur véritable, mais n’est-ce pas cela, l’adolescence ? Des situations ressenties de manière parfois exacerbée ? Des événements « insignifiants » qui résonnent de façon douloureuse ? Des questions que l’on se pose et auxquelles les réponses diffèrent d’un jour à l’autre ?

La référence à Anne Frank est épisodique et ne constitue pas un pilier du roman ; elle permet, en quelque sorte, à Cléo de s’exprimer à travers l’une ou l’autre facette de la jeune Hollandaise. Parmi les sujets abordés, je retiendrai surtout la souffrance de la maman qui a élevé seule ses deux filles suite au décès de son mari et le fait que Cléo n’ait pas d’amis, en dehors de Bérénice dont elle perçoit pourtant bien la « toxicité » sans oser clairement se l’avouer…

   « Ainsi est ma relation avec Bérénice. Liées par une fascination mutuelle, sur un fil d’équilibriste. Un souffle suffirait pour que l’une d’entre nous tombe dans un gouffre. Mais laquelle d’entre nous, et quel gouffre ? » [p. 28]

  « J’aimerais parfois tordre mes reflets, m’épuiser à les rendre souples. Mais rien à faire, je ne les maîtrise pas. Je ne ressemblerai jamais à rien d’autre qu’à moi-même, qui suis si mouvante. » [p. 34]

   « Je pense parfois que l’école m’apprend à ranger mon esprit, et les livres à les déranger. Le résultat, c’est que je ne suis jamais sûre de rien. Je reste étonnée par les jugements tranchés, par l’assurance des gens comme Bérénice. Moi je visite trop de tiroirs à la fois, dans la remise de mon esprit. » [p. 87].

   « Parfois, j’ai besoin de fuguer en esprit. » [p. 121]

Un grand merci aux éditions Nathan pour cette très belle découverte ; parution ce 17 janvier 2019.

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