Traque sauvage, La légende de la femme-louve, Sylvie Wolfs

traque sauvage.jpgPrésentation : du Montana à l’Arizona, du cœur des ténèbres aux cimes sacrées des Apaches Aravaïpas, nous voilà entraînés dans une traque mortelle : Wiley Hurt, un impitoyable chasseur de primes veut la peau de Jewell O’Connor, jeune irlandaise initiée par les Sioux et dotée de pouvoirs inattendus. Mais n’est-elle vraiment qu’une hors-la-loi pourchassée ? Et lui, n’est-il qu’un serviteur de la Loi ?

Mon avis : les prémices de cette traque ?  Un petit commentaire sur FB d’une auteure à un auteur et me voici partant à la recherche d’informations sur un livre dont je n’avais pas encore entendu parler : Traque sauvage de Sylvie Wolfs.  Couverture, présentation : l’ensemble me fait de l’œil.  Hop, il débarque bien vite à la maison et me voici moi-même bientôt pourchassée.  Il continue à me narguer alors que d’autres attendent depuis des semaines, voire des mois dans ma PAL ; je ne pouvais que tenter l’aventure.

Spontanément, j’ai pensé au Livre sans nom (que j’avais ADORÉ) en raison des appellations « western » et  « fantastique » mais si ces éléments sont bel et bien présents, la ressemblance s’arrête là.  Cela dit, j’ai vraiment beaucoup aimé chevaucher aux côtés (!) de Jewell… et je ne vous dis pas, le Montana en chaise roulante, pfff Clin d'œil

Deux « héros » à la (dé)mesure l’un de l’autre : elle, Jewell O’Connor, jeune irlandaise à la chevelure flamboyante (décidément, tout juste après Mary Wickford), recherchée pour meurtre et « commerce » avec les Indiens ; lui, Wiley Hurt, chasseur de primes, prêt à tout pour capturer sa proie, « s’amuser » quelque peu avec elle avant de toucher son dû.  Le face-à-face est proche, pour le plus grand malheur de ceux qui, bien malgré eux, s’y retrouveront mêlés et qui entrapercevront l’Enfer…

Bien sûr, l’intérêt du roman réside dans cette « chasse à la femme » au milieu d’une nature demeurée parfois indomptée.  L’atmosphère poussiéreuse imprègne le récit et nous replonge ainsi dans des paysages souvent découverts à travers le petit écran.

Mais le texte recèle bien davantage de richesses. 

Les personnages sont superbement campés, qu’ils soient du « bon côté » ou de « l’autre ».  Jewell elle-même est le courage incarné ; rebelle, solitaire, fougueuse, elle commence tout doucement à se lasser de cette chevauchée éperdue et en arrive à se dire qu’elle affronterait bien son chasseur, quoi qu’il advienne, pour elle et celui qu’elle a dû laisser derrière elle.  Wiley Hurt est avant tout une crapule sanguinaire, le Mal incarné, et pourtant…

Autour d’eux : Isy, la jeune adolescente vendue par son père, le propriétaire du saloon à un homme de plus de quarante ans son aîné, elle voit en Jewell une porte de salut ; Liam, l’enfant sublime, celui qui perçoit, ressent et exprime mais pas de manière orthodoxe ; Molosse, le tueur aux crocs destructeurs, redevenu chien ; le juge McCarthy, représentant de SA Loi ; Joshua, l’Apache venimeux et inhumain ; Mark, enfin, « docteur Anglo », mais cela est une autre histoire…

Le fantastique apparaît à plusieurs reprises au fil du roman et je dois bien dire que j’en ai parfois été déconcertée mais il permet à l’action de rebondir et donne tout son sens au destin de cette « femme-louve » qui, je l’imagine, prendra encore davantage d’ampleur par la suite puisque ce tome est le premier d’une trilogie.

Cerise sur le gâteau : une écriture savoureuse qui se déroule aisément au long de ce parcours rude et éprouvant ; des mots se laissant parfois aller à la poésie qui créent les images, les odeurs, la sauvage magnificence de certains lieux ainsi que l’épaisseur, la rudesse et la véracité des caractères…

« Rassurée, elle s’allongea et observa la voûte des arbres qui se détachait sur un ciel parfaitement bleu.  L’air était frais et apaisant.  Il lui sembla glisser hors d’elle-même et ses douleurs s’estompèrent alors qu’un doux engourdissement s’empara de son corps.  Les bruits de la forêt se firent inhabituels, à la fois feutrés et singulièrement pénétrants, se détachant d’un silence irréel.

   Elle pouvait entendre le mouvement des feuilles dans le vent, les oiseaux, les insectes bourdonnants.  Elle pouvait percevoir le clapotis de l’eau contre les roches, son glissement sur le lit de la rivière.  Elle sentait vibrer la terre et tous les mouvements lui parvenaient avec une netteté déconcertante.  Elle écouta cette respiration, qui se mêla à la sienne, et tout son être sembla se fondre à la nature qui l’entourait.

Elle était la feuille, elle était le vent, elle était l’eau et la terre, le glissement dans les sous-bois.  Et elle s’endormit. »

Contraste : « Wiley se pencha vers le visage du supplicié, un mouchoir à la main pour se protéger de l’insupportable odeur de chair carbonisée.  Ce dernier avait les yeux clos et semblait mort.  Wiley savait que ce n’était pas tout à fait le cas, car sa poitrine se soulevait encore par intermittence, dans un râle caverneux.

   Il aimait et redoutait à la fois ce moment, juste avant la mort, et tentait toujours d’en découvrir les mystères.  Peut-être aimait-il tuer justement pour cet instant, quand les dernières leurs de vie traversaient fugacement le regard de ses  victimes.

Vous l’aurez compris, je n’en resterai pas là et comme je viens de me rendre compte que Cheveux-de-Feu raconte l’histoire de Jewell avant cette Traque sauvage et qu’il est indisponible, je l’ai commandé « en seconde main »…

4 réflexions au sujet de « Traque sauvage, La légende de la femme-louve, Sylvie Wolfs »

  1. Oui, Traque Sauvage est un très bon western, un genre que Sylvie a su remettre au goût du jour. Je suis content que notre échange sur Fb ait permis de te faire découvrir ce roman. Go west !

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  2. Merci pour cette chronique, : une belle plume dans laquelle je sens une belle âme.
    Henri, comme quoi venir faire la vilaine sur ta page FB est utile ! ;))
    Je vais créer une page sur mon site pour les chroniques, je vais ouvrir le bal avec celle de Pascale.

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