Yrmeline ou le chant des pierres, Bleuette Diot

Présentation : le beau et fougueux chevalier allemand, Lanz von Malberg, ne rêve que d’une chose : intégrer l’ordre militaire et religieux des chevaliers teutoniques. Au cours de l’été 1338, il quitte Mayence et prend le premier navire en partance pour l’Estonie.

Là, de terribles épreuves l’attendent, mais Lanz n’en aimera pas moins ce pays farouche dont ni l’évangélisation, ni la force des armes n’ont su réprimer l’âme irréductiblement païenne. Aux prises avec les sortilèges qui émanent de ces contrées mystérieuses, le jeune homme se verra rapidement confronter aux survivances d’un autre âge. Sous l’égide de la belle et sensuelle Yrmeline, commencera alors pour lui un éprouvant parcours initiatique dont il ne sortira pas indemne, tant l’amour qu’il conçoit pour elle le dévore.

D’où Yrmeline tient-elle ses effrayants pouvoirs ? Quelle étrange et dangereuse société secrète a réussi à infiltrer les rangs de l’ordre teutonique ? En tentant de démystifier le redoutable chef du Temple Noir, Lanz découvrira les vestiges d’une incroyable civilisation disparue et l’étonnant message que véhiculent les tablettes d’argile de l’antique Mésopotamie. […]

C’est après avoir lu bon nombre de billets (très) élogieux relatifs à ce roman que j’ai décidé de me le procurer, je me doutais en effet que je risquais de passer un bon moment puisque j’aime beaucoup, a priori, les romans historiques.

Mon avis ?  Hé bien, j’ai apprécié cette lecture, à l’intrigue fouillée et très documentée, d’une rare densité, même si je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un coup de cœur.

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Je me suis retrouvée dans un contexte complètement inconnu pour moi puisque l’action se déroule en Estonie, au XIVe siècle ; ce fut un réel plaisir de découvrir cette contrée au Moyen Âge, d’autant que la plume de l’auteure est indéniablement savoureuse. Les phrases sont ciselées de manière admirable, artistiquement travaillées…

 

  « Dehors, les éléments se déchaînaient. C’était une tempête digne de l’Apocalypse. Des éclairs rutilants fusaient sans relâche dans le ciel assombri.  Une pluie diluvienne se déversait avec fracas sur les toits du manoir du haut desquels chenaux et gargouilles vomissaient de véritables torrents d’eau bouillonnante. Un vent sauvage mugissait, s’insinuait sous les portes en gémissant et ronflait dans le conduit de la cheminée. Des bourrasques soufflant par rafales sur les cendres chaudes du foyer, de hautes gerbes d’étincelles cuivrées s’en échappaient en crépitant. » [p. 277]

   « L’été poudrait la plaine opulente d’une chaude lumière blonde. L’air fleurait bon le miel et le foin.  Dans l’azur limpide du ciel, des hirondelles de rivage dessinaient de gracieuses arabesques en piaillant. Tout en cheminant, Yrmeline laissait errer son regard sur le charmant paysage qui déclinait à l’infini toutes les nuances de vert, des plus ardentes aux plus subtiles. Des marguerites et des coquelicots ponctuaient, çà et là, l’étendue monotone des pâturages et des champs cultivés qui ondulaient jusqu’aux pieds des lointaines collines. » [p. 339]

L’histoire apporte un éclairage tout à fait nouveau sur l’origine de notre civilisation et entraîne le lecteur dans une réflexion à laquelle il est peu accoutumé, et cela, grâce à des personnages hauts en couleur et dépeints de fort belle manière.

À cet égard, j’avoue avoir eu un petit faible pour Lanz et surtout pour Konwoïon, même si la fin apporte apparemment (?) un éclairage nouveau sur ce dernier. En revanche, au risque de me faire incendier, j’oserai dire que le personnage d’Yrmeline ne m’a pas séduite. Je m’interroge d’ailleurs à ce sujet ; peut-être les éloges récurrents relatifs à sa beauté exceptionnelle m’ont-ils quelque peu lassée ? Quoi qu’il en soit, j’ai apprécié son côté obscur et mystérieux, beaucoup plus nuancé que sa beauté évidente pour tous.

Trois légers bémols malgré tout : j’ai parfois trouvé que certains passages faisaient par trop étalage de savoir « en un bloc », ce qui alourdissait alors le propos et déséquilibrait l’ensemble. En outre, les erreurs de ponctuation m’ont ennuyée (déformation professionnelle, je m’en excuse). Enfin, il est bien dommage que les notes soient reléguées en fin de volume ; il aurait été beaucoup plus aisé pour le lecteur de les avoir à disposition en bas de page.

Je recommande ce roman riche et superbement écrit aux amateurs d’Histoire… revisitée à la sauce fantastique.

6 réflexions au sujet de « Yrmeline ou le chant des pierres, Bleuette Diot »

  1. Le titre me dit quelque chose. Je pense que c’est Argali qui m’en a parlé. Je retiens le titre pour le jour où une petite place se fera dans ma bibliothèque.
    Dernier jour de la semaine. Un jour de congé ne fera pas de tort.
    Bébé va bien?
    Bonne journée.

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  2. Je tenais juste à signaler que les quelques erreurs de ponctuation et tirets manquants (liés à un petit souci de traitement de texte à la transformation de la maquette du livre et dont l’auteur n’est pas responsable) n’apparaissent plus dans le second tirage.
    Courtoisement, Les éditions du Pierregord

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  3. Pour moi les deux premier tomes d’Yrmeline ont été un très gros coup de coeur !
    Je voulais juste vous dire : ne vous arretez pas au personnage d’Yrmeline du tome 1 car elle évolue énormément dans le suivant. Le traumatisme qu’elle subi au cour de l’incendie pour sauver les estoniens va la transformer du tout au tout !
    Les personnages de cette histoire sont travaillé, extremement fouillé et j’ai trouvé ça vraiment génial ! J’ai même complètement craqué pour Lanz mais aussi le Bellator rex ! C’est dire !

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  4. Je me suis laissée emportée par l’histoire, surtout parce que j’apprenais quelque chose de neuf (n’étant pas non plus familière de l’Histoire de l’Estonie). Je compte me procurer le 2e quand j’aurais des sous… Bisous Paikanne.

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