Kosaburo, 1945, Nicole Roland

Présentation. J’avais ouvert le cockpit, l’air marin montait jusqu’à mes narines, je fermai les yeux. Je voyais les autres, mes compagnons, ceux qui étaient morts avant moi, ceux qui avaient quitté leurs hautes écoles, leurs universités pour ceindre leur front du bandeau du kamikaze. J’entendais leurs voix, leurs rires, et maintenant ce silence. Je les revoyais sur une photographie prise avant leur départ. Casques d’aviateur, lunettes ramenées sur le front, aucun d’eux ne souriait. Ils allaient mourir. Ils le savaient. Certains semblaient farouchement déterminés, d’autres, songeurs, portaient encore sur leur visage la marque de l’enfance. Leurs fantômes me rejoignaient et me demandaient des comptes. Il fallait que je meure.

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Mon avis. À peine quelques heures de lecture mais des minutes suspendues hors du temps, à l’instar des moments héroïques vécus par cette jeune fille hors du commun…

J’ai lu quelques mots sur le roman via FB cette semaine, évoquant le prix de la première œuvre accordé à Nicole Roland par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Intéressée, je fus, et sur une impulsion subite, je l’ai commandé ; je l’ai reçu cette semaine et lu dans la foulée.

J’ai eu l’impression de me retrouver plongée dans une écriture semblable à celle d’Aki Shimazaki avec des phrases empreintes d’émotion tout en retenue. Les chapitres sont très courts et l’un appelle inévitablement la suite, à tel point que les pages se tournent très naturellement.

On y découvre l’histoire de Kosaburo, secrètement amoureux de Mitsuko, qui a décidé de s’initier aux préceptes du code des samouraïs, renonçant dès lors définitivement à une vie « normale ». La guerre est là et le Japon sent que la roue ne tourne pas en sa faveur, le sacrifice des kamikazes est vital (!).

Akira, le frère de Mitsuko refuse ce sort qui, il le sait, sera bientôt le sien et quitte la maison familiale. Mitsuko décide alors de prendre la place de son frère afin que la honte ne retombe sur sa famille.  

En compagnie de Kosaburo qui jamais ne la trahira, elle suivra l’entraînement physique et mental destiné à ces chevaliers d’un autre âge… Un éclairage sur ces « sacrifiés volontaires », à la noblesse d’âme dépeinte ici, dans son cheminement, par petites touches …

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