Plus jamais sans elle, Mikaël Ollivier

Présentation. Le jour de ses dix-huit ans, Alan n’a qu’un souhait, rencontrer celle qu’il n’a jamais vue, dont il ne sait rien, pas même le nom : sa mère. Un vœu qui va faire basculer sa vie.

Car pour rejoindre Ellen, cette femme armée, rebelle et solitaire, mais surtout pour la sauver et rester à ses côtés, il va lui falloir devenir un autre.

Lui qui n’a jamais voyagé va parcourir l’Europe de Londres jusqu’à Sofia, en passant par Prague et le Grand Nord. Lui qui a toujours obéi va transgresser les lois et affronter police et truands. Lui que son père a toujours protégé va apprendre à n’avoir peur de rien… Sauf de perdre celle qu’il a eu tant de mal à retrouver.

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Mon avis. De Mikaël Ollivier, j’ai lu Star-crossed lovers (qui plaît en général beaucoup à mes élèves), La vie, en gros, E-den, Trois souris aveugles et l’excellent Frères de sang ; je n’écrivais pas de chroniques à l’époque.

Ce qui m’a ici attirée d’emblée, avant même d’en découvrir davantage, c’est la couverture ; l’objet livre lui-même est superbe et la police attrayante, le texte aéré. En outre, les chapitre courts appellent chaque fois la suite : le genre de roman pour lequel on se dit qu’on va lire le chapitre suivant, et puis celui d’après et puis… on se laisse emporter, l’air de rien vers la fin. Et effectivement, je l’ai commencé dimanche et lundi, j’en tournais la dernière page. Une réflexion : pourvu qu’il sorte vite en poche pour que je puisse le proposer à mes élèves sans « culpabiliser »…

Deux voix se partagent le récit : celle d’Alan, tout juste dix-huit ans, en « année sabbatique » après le bac et celle d’Ellen, la mère d’Alan, une mère qu’il n’a pas connue puisqu’elle s’est « volatilisée » dès la naissance de son fils. L’ensemble dans une écriture fluide, qui déroule de manière agréable le ruban des mots…

Ce roman, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre entre un fils et celle qui, jusqu’alors, n’a pas été sa mère ; les questions sont bel et bien présentes en chacun, croissent intérieurement mais demeurent longtemps inexprimées car combien est-il difficile de mettre des mots sur dix-huit années de silence…

Round d’observation entre un fils qui balance entre colère, amertume et tristesse et une mère qui tâche – (dés)espérément – de se convaincre de sa non-culpabilité. Entre les deux, l’image omniprésente du père, un vrai, celui-là, attentif, disponible, aimant et aimé.

Et puis, très vite, la machine s’emballe et voici Alan, ce jeune homme « bien comme il faut », emporté dans « le tourbillon d’une vie » à mille lieues de ce qui lui est familier à cause d’ (grâce à ?) une mère qui se révèle définitivement hors-norme. Il faut dès lors agir : courir, se sauver, fuir. Question de vie ou de mort.

J’ai beaucoup apprécié le fait que l’on plonge dans l’intimité de chacun des « héros malgré eux », découvrant ainsi les réflexions suscitées de part et d’autre, ainsi que la maturité « forcée » d’Alan, un jeune homme qui a grandi trop vite en raison de « sa différence ».

Un autre point très positif, selon moi : le lecteur craint vraiment pour la vie des deux fugitifs. J’avais l’impression que tout pouvait arriver, y compris le pire et…

J’espère vous avoir donné envie de partir à l’aventure en compagnie d’Alan et Ellen ; à vous de voir si le pire est arrivé. Ou pas.


   « Alan avait raconté tout ça en fixant le fond de son verre ; il a levé les yeux vers moi pour ajouter :

   – Pour moi, tu es morte depuis douze ans.

C’était logique, normal, mais ça m’a blessée avec une étonnante violence. J’ai demandé, trop vivement :

    – Alors qu’est-ce que tu fais là, aujourd’hui ? Pourquoi tu m’as réclamée ?

   Il a terminé son verre.

   Parce que je savais, au fond. Sans en avoir conscience, je savais. Tu n’existais pas, mais ton absence emplissait ma vie. » [p. 59 – 60]


Un grand merci à Livraddict et aux Éditions du Seuil pour ce partenariat.

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