Le monde dans la main, Mikaël Ollivier

Présentation. Pierre a tout pour être heureux. Plutôt pas mal, même si trop timide avec les filles, il a seize ans, une sœur pleine d’humour, un père et une mère unis, une vie de rêve baignée par des études musicales à Versailles…

Enfin ça, c’était avant que sa mère ne disparaisse mystérieusement sans laisser d’adresse !
Alors tout bascule, tout chavire, et Pierre découvre que, sous une apparence très sage, sa famille cache d’inavouables secrets.

Il lui faudra devenir un autre, moins raisonnable, plus amoureux, pour s’apercevoir qu’enfin, le monde est dans sa main.

Derrière les façades palpitent désirs enfouis, chagrins indicibles et amours interdites jusqu’au jour où la vie l’emporte. Ce roman intimiste et drôle vous ouvre les portes du monde.

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Mon avis. J’ai été « tourneboulée » en terminant ce superbe roman commencé deux jours auparavant…

De tous les romans de Mikaël Ollivier lus jusqu’à présent, celui-ci est mon préféré ; j’ai adoré aussi Celui qui n’aimait pas lire mais il s’agit d’un autre type de récit…

Pour la petite histoire, Mikaël Ollivier m’avait parlé de ce livre lorsque je l’avais rencontré à Montreuil, m’incitant ainsi à le découvrir. C’est maintenant (heureusement) chose faite et il rejoindra les propositions de lecture pour mes élèves (il est d’ailleurs en compétition au Prix Farniente de cette édition 2013).

Première impression : une superbe couverture, une de celles qui attirent (presque) inévitablement le regard, le mien en tout cas ; un format aisé à manipuler ; un impeccable « lissé » et une belle lisibilité.

J’ai très vite eu l’impression de retrouver « celui qui n’aimait pas lire » [impression renforcée par le fait que je suis justement en train de lire ce texte dans mes classes et je suis ravie car les élèves semblent l’apprécier et, à tout le moins, sont intrigués] : musique, Bretagne, sensibilité y sont au rendez-vous.

Le récit débute par une scène racontée de manière cocasse : une « expédition chez Ikea » qui m’a fait sourire et correspond tout à fait à la réalité d’une visite chez « le géant suédois », non pas que j’y sois spécialement habituée mais je « connais ».

   « Ikea, c’est drôle au début. […]

   Pour parvenir aux rayons des chambres, il fallait passer par les salons, les canapés, faire un arrêt aux bureaux puis traverser les cuisines. Pas le choix. Chez Ikea, on n’avance pas, on chemine, on piétine, on tourne, on a l’impression de faire des kilomètres alors qu’on fait du surplace entre les fausses cloisons qui abritent les faux intérieurs. On traverse des tranches de logements et d’abord, on a envie de tout essayer. Les fauteuils, les canapés, les vies en exposition pour voir si on s’y sent bien, si des fois on ne serait pas fait pour une existence facile et légère, harmonieuse, avec des meubles bien à leur place, pas écrasants. […]

   Rapidement épuisé par le choix trop grand, les hésitations, les mesures, les références, on essaye le moindre tabouret de cuisine parce qu’on en a plein les pattes.

   Payer, chez Ikea, ça se mérite. On ne dirait pas, vu de dehors, qu’on peut mettre autant de choses et de monde dans un hangar. […]

Là où ils sont forts, chez Ikea, c’est que tu en as tellement marre à la fin, que tu es soulagé de payer. » [p. 13 – 20]

C’est à l’issue de ces achats interminables que la maman de Pierre quitte le parking, disparaît et ne revient plus. Aucune explication.

Et Pierre raconte la douloureuse absence de sa maman ; personne ne comprend ; lui, encore moins. Car s’il arrive qu’une femme abandonne son mari, comment imaginer qu’une mère abandonne son(ses) enfant(s) ?

Le récit développe alors l’apprentissage de la vie sans la maman, le désespoir de « ceux qui restent » et pour qui la vie doit continuer avec une béance immense…

Pierre est pris entre deux feux : son papa qui se retrouve à un tournant de sa vie et la famille de sa maman, celle qui, eu égard à son statut social, n’a jamais accepté le beau-fils.

   «  »Vous me faites chier, bonne-maman. » Je ne sais pas si j’ai jamais autant aimé mon père qu’en cet instant précis. » [p. 53]

La seule discussion possible, c’est celle que l’adolescent entretient régulièrement avec sa sœur qui ne vit désormais plus chez eux.

Chacun se dévoile petit à petit et Pierre observe ce petit monde s’agiter, entre les heures consacrées au piano, les études, les vacances à Dinard et les émois qu’il aimerait (enfin) connaître ; le tout évoqué avec beaucoup d’humour, de tendresse, de révolte parfois, aussi.

   « J’ai senti, aussitôt, que j’étais bon pour une nouvelle série de confidences et de surprises. Un nœud s’est serré dans mon ventre. Serait-ce trop demander qu’une personne de ma famille, une seule, soit telle que je la connaissais, que je la voyais ? Au moins ma tante Bertille, si sage, si réservée, si discrète, avec sa tête d’image pieuse !… » [p. 191]

Personnellement, j’aurais préféré que le récit s’arrête avant le « À présent » mais à partir du moment où ce présent était évoqué, j’en ai beaucoup apprécié le dernier paragraphe…

Une lecture que je vous conseille…

La couverture de ce titre illustre l’idée n° 21 du challenge des 170 idées : quelque chose de vieux, vintage, antique.

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6 réflexions au sujet de « Le monde dans la main, Mikaël Ollivier »

  1. J’ai écrit un commentaire il y a 2,3 jours mais je ne le vois pas apparaître ….
    alors …. je le dis à nouveau : ce roman est un coup de coeur tant par l’écriture que par l’histoire ….
    Merci pour cette découverte … 🙂

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