Légume vert, Philippe Vigand

Présentation. « Ce livre est une sorte de journal de bord d’un type qu’on prend trop souvent pour un légume et qui ne trouve pas ça très flatteur. Et puis, en ces temps de fièvre écolo, le type se dit que, finalement, il consent à être un légume. Pourvu qu’il soit vert. Parce que c’est bon pour la santé. »  P. V.

Atteint du locked-in syndrom (ou syndrome de l’enfermement) depuis vingt ans, Philippe Vigand est paralysé des pieds à la tête. Privé de l’usage de la parole, il ne peut s’exprimer que par battements de paupières.

Le handicap est (très) lourd, mais le cerveau intact, l’esprit vif, le regard aigu, l’humour corrosif…

Et cela donne un livre tonique et décapant.

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Mon avis. Un témoignage qui donne inévitablement à réfléchir et que devraient lire ceux qui se plaignent constamment pour des broutilles car quand on est handicapé et que l’on entend quelqu’un râler pour un ongle cassé, c’est assez (énormément) énervant.

Un récit qui me remet à ma place aussi, car jeter un regard sur la situation de l’auteur me renvoie à la figure mes propres plaintes alors que ma situation est « idéale » comparée à la sienne.

Je me retrouve pourtant dans certaines de ses réflexions : « Quand on me témoigne de la compassion ou de la commisération, je préférerais qu’on fasse preuve à mon égard de franchise, dût-elle paraître brusque, qu’on m’engueule, me malmène, me charrie ; bref, qu’on oublie mon apparente faiblesse et donc mon handicap. Je dois pourtant avouer que lorsqu’il m’arrive d’avoir l’impression de passer inaperçu, cela ne m’enchante guère. Dois-je en conclure que je ne suis jamais content ? » [p. 27 – 28]

Ce que je retiens surtout, c’est son impuissance lorsqu’il devrait pouvoir hurler quand un incident est sur le point de devenir accident. Comme s’il lui était impossible alors de crever une bulle qui l’étouffe.

Demeurent cependant l’humour et la dérision : un livre que l’on découvre avec le sourire, accompagnant le fou rire « qui évoque davantage un hennissement qu’un rire » de Philippe, celui qui a le don de rendre peut-être encore plus mal à l’aise les personnes amenées à le rencontrer fortuitement.

« Je fais le zéro mieux que personne. » [p. 17]


Un récit composé d’anecdotes révélatrices de cette vie qu’il a fallu poursuivre alors que la donne avait changé. Radicalement.

Une réflexion est survenue à la lecture de tous les voyages entrepris : que se passe-t-il lorsque celui qui est atteint du locked-in syndrom ne dispose pas de moyens financiers ? Il a beau consentir « à être un légume. Pourvu qu’il soit vert ». J’imagine que le risque est grand qu’il termine en ratatouille. Malgré tout.


Ce titre entre dans la 5e session de « Lire sous la contrainte » : un titre comportant un nom de couleur ; il illustre également l’idée n° 12 du challenge des 170 idées : ce qui se mange lors du dîner. 

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2 réflexions au sujet de « Légume vert, Philippe Vigand »

  1. On peut toujours trouver quelqu’un de plus malheureux que soi mais ce n’est pas pour ça qu’on ne peut pas se plaindre. Ta maladie est très éprouvante aussi, je le sais.
    Merci pour ta participation à mon challenge.
    Je ne sais pas pourquoi tu ne peux pas mettre de coms mais ce n’est pas grave.
    Bonne fin de semaine.

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  2. c’est vrai que face au handicap il y a encore et toujours ce problème d’argent qui prolonge l’inégalité .Un témoignage intéressant je note le titre

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