Sweet Sixteen, Annelise Heurtier

Présentation.

– Quand est-ce que tu avais prévu de nous en parler ? As-tu pensé aux conséquences de ta décision ? As-tu seulement compris que tu vas tous nous mettre en danger? 

Molly était d’abord restée sans voix, la bouche ouverte, hébétée. 

– Un paquet de Noirs se sont fait lyncher, et pour moins que ça, ma petite fille ! avait hurlé sa mère.

Rentrée 1957.
Le plus prestigieux lycée de l’Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à des étudiants noirs. Ils sont neuf à tenter l’aventure. Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher.

Cette histoire est inspirée de faits réels.

sweet-sixteen.jpg

Mon avis. C’est Nahe qui m’a fait connaître ce livre et donné envie de le découvrir…

Nous sommes plongés en Arkansas dans les années cinquante, 1957  précisément : neuf étudiants noirs vont (tenter de) faire leur rentrée scolaire dans le Lycée central de Little Rock au milieu de deux mille cinq cents Blancs, pour la plupart tout à fait hostiles à cette décision juridique.

Le récit présente le point de vue de Molly, une jeune fille qui fait partie des « neuf » et vit ainsi, fièrement et douloureusement, les choses de l’intérieur. Elle s’est proposée pour être de ce petit groupe quelques années auparavant, (presque) sur un coup de tête, sans avoir pris la mesure des implications de son geste. Or voilà qu’après trois ans, les choses bougent et cette « rentrée-là » se profile à l’horizon, au grand dam des deux communautés : les Blancs parce qu’il est hors de question qu’ils « côtoient » les Noirs (aussi) dans les études ; les Noirs parce qu’ils craignent pour leur sécurité.

L’autre point de vue, c’est celui de Grace, une adolescente du même âge, blanche, vivant dans un milieu privilégié, scolarisée elle aussi à Little Rock. Elle est animée par les préoccupations des jeunes de son âge (elle a décidé de mettre le grappin sur Sherwood, le frère de son amie Brook, et s’y emploie habilement) mais porte un regard davantage ouvert – moins fermé en tout cas – , et progressivement critique, sur cette société même si elle ne peut l’exprimer au vu et au su de tous.

  « Grace ne se sentait pas particulièrement philonègre, comme on qualifiait désormais Eisenhower et tous ceux qui lui donnaient raison, mais elle se demandait tout de même ce qui justifiait un tel comportement envers ces neuf Noirs. C’est vrai, on ne les connaissait même pas ! » [p. 129]


Difficile d’imaginer pour nous, aujourd’hui, ce qu’a été cette ségrégation et les balbutiements de cette « déségrégation » et pourtant…

  « Cela faisait maintenant dix bonnes minutes que Molly patientait derrière le comptoir de l’épicerie. Deux clients blancs étaient entrés après elle, et le propriétaire des lieux s’était empressé de les servir, volubile et obséquieux. […] À croire qu’il avait fait exprès de s’installer dans ce quartier à forte dominance afro-américaine pour avoir tout le loisir d’humilier les habitants. » [p. 26 – 27]

 

  « Peut-être que tout cela ne faisait que commencer. Peut-être que le jour viendrait où les Noirs pourraient assister aux mêmes spectacles que les Blancs. Peut-être que les piscines leur seraient ouvertes toute la semaine, et pas seulement la veille du nettoyage. Qu’un chanteur noir aurait le droit de faire swinguer une femme blanche sans être boycotté. Qu’il serait permis de se marier en mélangeant les couleurs.

  – Et peut-être même qu’un jour il y aura un président noir à la Maison-Blanche ! s’enflamma-t-elle devant son miroir. » [p. 105]

Un livre que chacun se devrait/doit de lire.


Ce titre entre dans la session 9 du challenge Lire sous la contrainte (titre comportant un (des) mot(s) dans une langue étrangère) ainsi que dans le challenge « À vos nombres » ; il illustre également l’idée n° 48 du challenge des 170 idées (un chiffre ou un nombre).

6 réflexions au sujet de « Sweet Sixteen, Annelise Heurtier »

  1. Une lecture avec le ventre noué …. Un roman à faire lire aux élèves ….
    Quel dommage que l’autobiographie de Melba ne soit pas traduite en français !

    J’aime

Laisser un commentaire