Kinderzimmer, Valentine Goby

Présentation.

« Je vais te faire embaucher au Betrieb. La couture, c’est mieux pour toi. Le rythme est soutenu mais tu es assise. D’accord ?
  – Je ne sais pas.
  – Si tu dis oui c’est notre enfant. Le tien et le mien. Et je te laisserai pas.
  Mila se retourne :
  – Pourquoi tu fais ça ? Qu’est-ce que tu veux ?
  – La même chose que toi. Une raison de vivre. »

En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille femmes. Sur ce lieu de destruction se trouve comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Dans cet effroyable présent une jeune femme survit, elle donne la vie, la perpétue malgré tout.

Un roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l’Histoire n’a pas encore eu lieu, et qui rend compte du poids de l’ignorance dans nos trajectoires individuelles.

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Mon avis.  Voici un livre qui a attiré d’emblée mon attention lors de la « rentrée littéraire » et mes filles me l’ont offert pour mon anniversaire. Les avis sont majoritairement positifs à son sujet… et le mien ne dérogera pas « à la règle ».

J’apprécie déjà d’emblée le format proposé par Actes Sud ainsi que l’illustration de couverture. Une fois la porte des mots entrouverte, j’ai plongé dans l’h(H)istoire aux côtés de Mila… pour en ressortir quelque temps après, pétrifiée, en boule, resserrée au creux de moi.

Non un coup de cœur mais un coup au cœur ; des coups de poing(s) aussi, assenés à travers l’écriture particulière qui a rebuté certains lecteurs. Je ne l’ai pas été : j’ai trouvé que les phrases courtes, syncopées, percutantes viennent se mettre naturellement au service d’un indicible qui a fini par s’exprimer. Malgré. Tout.

J’ai accompagné Mila à travers cette poignante souffrance, alliée de la faim, de la soif, du froid, de la vermine, de l’humiliation. De l’espoir aussi. Parfois. Ces trouées de ciel bleu dans une horizon couleur cendre(s) : une parole, un regard, un bonbon, quelques notes de « musique »…

Et l’improbable, l’impensable, l’inimaginable : un bébé au sein même de cet enfer glacé.

Avec l’impression d’une présence au fil du texte : celle de Primo Levi.

Un titre choisi parmi les propositions de XL dans le cadre de LDPA7.

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14 réflexions au sujet de « Kinderzimmer, Valentine Goby »

  1. Ah que j’aime ton billet, paikanne. Les billets qui accusent ce roman d’être écrit avec les pieds, de ne pas savoir utiliser la ponctuation, etc. me révulsent tant j’ai trouvé la forme juste parfaitement adaptée au fond. Tant ça m’a rappelé ma façon de parler en revenant d’Auschwitz : balbutiante.
    Je suis très contente que tu aies trouvé ce roman de qualité et tu le dis de façon tellement brève et efficace !
    Des bisous
    Cajou

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  2. un véritable coup de coeur, j’en suis sortie bouleversée …
    quant à ceux qui accusent l’auteure de l avoir écrit avec les pieds, je ne suis non plus pas d’accord. je trouve en effet qu’une autre écriture aurait enlevé tout le naturel de l’histoire. c’est un récit qui prend au coeur et non pas qui cherche à faire un exercice de style (quoique en fait si , ça l’est)

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  3. C’est le billet d’Argali qui a d’abord attiré mon attention ; le tien et ceux de Sophie, et la Fée, et Jérôme… ont fait le reste 🙂

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  4. Un vrai coup de cœur pour moi que ce roman dur et beau. Je suis contente qu’il t’ait plu.
    D’ailleurs, les lecteurs ne s’y trompent pas, ce livre a un réel succès de bouche à oreille.

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  5. Je suis toujours à la recherche de romans pour le nouvel an de mon père. Celui-ci pourrait en faire partie…
    Bon réveillon à toi. Bonne fête de Noël. J’espère que tout va bien pour toi.
    Moi, comme tous les bons enseignants, je suis malade pendant les vacances. Un vilain virus…

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