Loin des mosquées, Armel Job

Présentation. À la Tannerie, le quartier turc de cette ville des Ardennes belges, on marie Evren, l’ancien gardien de but du Sporting. Étrange et grave cérémonie que ce mariage arrangé où le bonheur, comme le soleil, semblent absents. C’est qu’Evren, le marié, rêve encore de sa cousine Derya – Derya la farouche, la sauvage, Derya la sultane qui l’a refusé…

Les traditions et l’honneur familial sont saufs. Mais, malgré l’interdit, la liberté n’a pas dit son dernier mot…

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Mon avis. Oserais-je dire que c’est le premier livre d’Armel Job que je lis ? Trop tard, c’est fait. Ce ne devrait en tout état de cause pas être le dernier.

Il y est question de confrontation entre des cultures différentes et entre des cultures à la base identiques mais qui ont (in)sensiblement emprunté des sentiers différents…

Les chapitres sont, chacun, centrés sur le point de vue d’un personnage central : René, entrepreneur des pompes funèbres qui ouvre et termine (logique !) le récit ; Evren, le jeune Turc éconduit par sa cousine Derya ; Derya elle-même dont la vie va basculer à cause de Renoir (oui, oui, le peintre) ; Yasemin enfin, la jeune épousée, dont les apparences d’innocence sont trompeuses…

  « En principe, un corbillard n’a jamais d’accident. » [René – p. 9] Un accident qui jouera un rôle fondamental…

  « Quand on veut l’amour d’une femme, le dernier moyen qu’on imagine, c’est un mariage arrangé. Moi, j’étais l’exception. Je voulais l’amour de Derya et je n’avais d’autre recours pour l’obtenir que le Grand-Guignol des mariages de convenance. » [Evren – p. 51]

  « C’est curieux la façon dont le malheur entre dans la vie. L’instant d’avant, on est à table. Rien n’existe que le clafoutis aux cerises qui vient d’être servi et qui nous a mis l’eau à la bouche. On le dévore des yeux tandis qu’il passe de main en main. Et maintenant, les fruits fondent entre la langue et le palais, nous livrant fidèlement les saveurs de noyau que nous avions prévues. Tout est parfait. Que pourrait-il nous arriver ? Le bord de notre assiette nous sert d’horizon.

   Puis le téléphone sonne, là-bas, très loin, dans le corridor où il est relégué, comme un accessoire indésirable au cœur du foyer.  » [Derya – p. 75]

  « Ma mère était opprimée, mais elle ne savait pas si elle devait se ranger avec moi dans le camp des opprimés. Quoi qu’on en pense, même pour les persécutés, le camp le plus séduisant, c’est celui du plus fort. » [Derya – p. 151]

  « Le lendemain, mon père m’a convoquée à la cuisine. Une nouvelle fois, les mâles étaient disposés autour de la table, comme des juges. Et ma mère debout, en retrait, appuyée contre le chambranle de la porte du salon où elle avait voulu se réfugier sans doute avant que mon père lui ordonne de revenir. » [Derya – p. 155]

 

Indéniablement un beau texte. Tout en nuances.

6 réflexions au sujet de « Loin des mosquées, Armel Job »

  1. Très beau roman effectivement. J’avais lu quelques années auparavant Helena Vannek mais j’avoue ne plus en avoir aucun souvenir, de ce fait, je ne sais pas si je dois te le conseiller ou non !

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  2. J’ai découvert Armel Job avec ce roman qui m’a beaucoup plu ….. Depuis, j’ai lu 3 autres romans et je compte continuer avec cet auteur qui me séduit par son style, son esprit, son humanité, la variété des sujets traités …. D’ailleurs deux nouveaux titres se trouvent déjà dans ma Pal …:-)

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  3. C’est aussi le premier que j’ai lu. Il a vite été suivi de « Dans la gueule de la bête » que je te recommande et le troisième est dans ma PAL.
    Bonne fin de semaine.

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