Manuel de survie à l’usage des incapables, Thomas Gunzig

Présentation. Comment un jeune employé malheureux, un assistant au rayon primeur, un baleinier compatissant et quatre frères, Blanc, Brun, Gris et Noir, quatre jeunes loups aux dents longues surentraînés et prêts à tout pour se faire une place au soleil, se retrouvent-ils liés par la conjonction fortuite d’un attentat frauduleux et d’un licenciement abusif ?

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Mon avis. Déconcertant, tel est l’adjectif qui me vient à l’esprit à propos de ce récit…

Ce roman hors-norme commence sur un baleinier harponnant une baleine « Nike » et forcé de la relâcher. Il se poursuit avec l’évocation de Jean-Jean, un pauvre type employé dans un supermarché qui obéit au doigt et à l’œil à sa femme ; une armoire à glace qui œuvre dans le rayon fruits et légumes de ce même supermarché ; quatre loups, des frères unis dans l’adversité qui ne connaissent qu’une seule loi : la leur.

Il m’a fallu un peu de temps avant de me prendre au jeu (?) de cette histoire centrée sur une société de consommation à outrance où les relations de force entre les uns et les autres sont mises en exergue. Mais une fois que les pièces du puzzle commencent à s’assembler, j’ai pris goût à la découverte.

Les personnages sont la plupart du temps dépeints selon des caractéristiques animales : c’est bien sûr le cas des quatre loups, mais également de Marianne, la femme « castratrice » de Jean-Jean, « mamba vert modèle », ou encore de Blanche de Castille Dubois, spécialiste ès Sécurité Intérieure pour les supermarchés Eichmann, associée à la loutre « increvable ».

  « Tout le monde savait qu’on n’avait pas d’ennuis avec les quatre jeunes loups à trois conditions : ne pas se mêler de leurs affaires, éviter de prononcer leur nom et ne pas s’approcher trop près de la porte de leur appartement parce que Noir était paranoïaque et qu’il fallait éviter qu’il vous suspecte d’écouter aux portes.

   Personne ne savait vraiment ce qui pouvait se passer si quelqu’un venait à enfreindre une de ces trois règles, mais personne n’avait vraiment envie de le savoir. » [p. 70]

  « Un type comme lui, qui rentre après une journée de merde pour attaquer une soirée de merde en compagnie d’une fille aussi sèche et froide qu’une peau de serpent.

   Et ça, que le contact avec Marianne lui faisait parfois penser à celui d’avec un serpent, c’était sans doute normal d’ailleurs, vu le modèle de Marianne : l’entrée de gamme Hewlett-Packard, connu pour sa résistance aux maladies, pour son calme, pour sa fiabilité générale. Tout ça obtenu en saupoudrant délicatement les chaînes ADN avec du code de mamba vert dont la production naturelle de neurotoxine était une garantie contre une large palette de maladies dégénératives du système nerveux […]. » [p. 77]

 

Les chemins de ce « charmant » petit monde vont se croiser et se recroiser jusqu’à ce que la boucle soit bouclée ; curieusement, les pires ordures se retrouvent parfois – rarement, il est vrai – pourvues d’une once d’humanité…

 

Ce roman entre dans les challenges des 170 idées (ampoule) et « À la découverte d’auteurs » (13).

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2 réflexions au sujet de « Manuel de survie à l’usage des incapables, Thomas Gunzig »

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