Présentation.
Ils sont six
Ils sont handicapés
Personne ne croit en eux
Pourtant leurs pouvoirs sont incroyables
Ils sont les Prodiges
DES SUPERHÉROS
COMME VOUS N’EN AVEZ JAMAIS VU !
Mon avis. Décidément, les chouettes lectures se suivent ; pourvu que cela dure…
Même si les héros sont jeunes, le propos m’a d’emblée tapé dans l’œil puisqu’il y est question de handicap.
C’est Phillip, douze ans, qui raconte l’histoire : celle-ci commence alors que son père l’emmène « faire un tour » en vue dune discussion, celle que Phillip redoute parce qu’il n’a nulle envie de parler de ça avec son père.
« Je compris que quelque chose couvait dès que papa prononça son premier mot.
– Fils…
Ses entretiens avec mon frère ou moi pendant notre enfance pouvaient atteindre trois degrés de sérieux – « sérieux modéré », « sérieux normal » et « supersérieux » -, degré reconnaissable au tout premier mot de sa toute première phrase. S’il attaquait par notre diminutif – Phil pour moi, Pat pour mon frère -, nous étions dans le domaine du « sérieux modéré », donc nullement obligés d’interrompre notre activité ni de tourner la tête vers lui, tant que nous entendions ce qu’il disait et parvenions à le lui répéter.
Les discours commençant par notre prénom entier, ou bien par notre prénom et notre nom de famille accolés, étaient du type « sérieux normal » : laisse tomber ce que tu es en train de faire, tourne-toi et écoute ; il y a probablement une nouvelle règle que tu devras appliquer une fois l’entretien terminé. Cette variété-là détenait presque toujours un potentiel d’escalade latent, aussi fallait-il s’y engager avec précaution.
Si la discussion débutait par « fils », alors là, c’était accroche-toi sous peine de mort. » [p. 11 – 12]
Phillip se fourvoie : son père n’a pas l’intention de lui parler de « sexualité » comme l’adolescent s’y attend ; il veut « juste » évoquer les « superpouvoirs » de son fils ! Habitué à l’humour foireux de son paternel, Phillip attend « la chute » : comment imaginer qu’il dispose d’un quelconque pouvoir, lui qui est aveugle ? Et pourtant…
C’est ainsi que Phillip découvre qu’il vit désormais dans une ville pour le moins particulière où sont rassemblés presque exclusivement des êtres hors-norme, dont sa famille fait partie.
Chaque « gardien » – ou protecteur des habitants de la Terre – dispose d’un pouvoir particulier qui se révèle théoriquement à l’adolescence et se doit d’être exploité de manière optimale. Les circonstances sont telles que Phillip se retrouve bientôt dans une classe spéciale : celle qui regroupe les jeunes gardiens touchés par un handicap.
Six d’entre eux sont au centre du récit : Phillip, aveugle et télékinésiste ; Henry, en chaise roulante et télépathe ; James, aveugle et téléporteur ; Fred, asthmatique chronique, atteint de gigantisme ; Bentley, ataxique aux capacités cérébrales supérieures ; et enfin Donnie, trisomique dont le pouvoir n’a pas encore été révélé.
Les membres de ce petit groupe apprennent à se connaître et s’épaulent malgré les dissensions occasionnelles, d’autant que la différence attire l’attention, parfois malveillante, des autres élèves.
Parmi les Prodiges – à la personnalité nuancée – qui ne savent pas encore qu’il s’agira pour eux de rester soudés car le Mal rôde, indépendamment de Phillip lui-même, à l’humour ravageur, j’ai particulièrement apprécié Bentley et Donnie…
Ce roman devrait (beaucoup) plaire aux élèves du secondaire inférieur.
Traduction : Michel Pagel.
Titre VO : The Ables (2015).
Un grand merci aux éditions Michel Lafon pour ce partenariat.
Ce titre entre dans les challenges « Jeunesse/Young Adult » (16) ; « Un genre par mois » (Fantasy ou Aventure) et « Littérature de l’imaginaire » (12).