Les Assassins, R. J. Ellory

Présentation. Sur 18.000 meurtres par an aux États-Unis, seulement 200 sont le fait de tueurs en série. Aussi les forces de police ne privilégient-elles que rarement la piste du serial killer. Lorsque quatre homicides sont commis en quinze jours à New York, selon des modes opératoires complètement différents, personne ne pense à faire le lien entre eux. Personne, sauf John Costello. Documentaliste au City Herald, et véritable encyclopédie vivante des serial killers, celui-ci découvre en effet qu’ils ont été commis à la date anniversaire d’un meurtre passé, œuvre chaque fois d’un tueur en série célèbre, selon une procédure rigoureusement identique. Y aurait-il dans la ville un serial killer qui s’inspire de ses prédécesseurs pour leur rendre un funèbre hommage ?

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Mon avis. J’ai découvert l’auteur « sur le tard », entendez par là voici seulement un peu moins d’un avec Seul le silence, et aussitôt, je me suis demandé comment j’avais pu passer aussi longtemps à côté. Depuis, j’ai lu Les neuf cercles, Les anonymes et voici que j’ai terminé Les Assassins. À nouveau, j’ai été solidement ferrée par l’écriture de R. J. Ellory. À nouveau, les pages se sont tournées aisément. À nouveau, je me suis vite attachée aux personnages.

Ce roman fait « la part belle » aux tueurs en série les plus célèbres (quel travail de documentation !) avec un fil conducteur : John Costello, 16 ans en 1984. Il a vu la mort de près : lui et sa petite amie, Nadia, [« espoir » en russe] se sont fait agresser par le Marteau de Dieu.  Lui en a réchappé. Pas Nadia.

  « Pendant longtemps, John Costello tenta d’oublier ce qui s’était passé.

   Fit semblant, peut-être, que ça n’était jamais arrivé.

   Le diable se présenta sous la forme d’un homme, enveloppé par l’odeur des chiens.

   À voir sa tête, on aurait cru qu’un inconnu lui avait donné un billet de 50 dollars dans la rue. Un air surpris. Une sorte d’émerveillement satisfait.

   John Costello se souvenait d’un bruit d’ailes affolées lorsque les pigeons fuirent la scène.

   Comme s’ils savaient. » [p. 9]

 

On découvre le drame qui a touché Costello, ce drame qui a à jamais laissé une plaie béante dans son existence, faisant de lui un être « différent ».

  « Aujourd’hui, il vit à New York.

   Il consigne tout par écrit. […]

   Le lundi il mange italien, le mardi français, le mercredi des hot dogs avec ketchup et moutarde allemande, le jeudi il s’en remet au hasard. Le vendredi il mange iranien – gheimeh, ghormeh, barg. Un petit restaurant près de Penn Plaza, dans le quartier de Garment où il vit. L’endroit s’appelle le Persépolis. Le week-end, enfin, il mange chinois ou thaï, et s’il est inspiré, il se fait du gratin de thon.

   Pour le déjeuner, il va toujours au même endroit, à une rue et demie du journal où il travaille.

   Les rituels. Toujours les rituels.

   Et il compte les choses. […]

   Les chiffres le rassurent. » [p. 17 – 18]

 

L’on retrouve ensuite Costello en 2006 à New York, alors que sont commis d’horrible homicides. A priori, pas de points communs entre ceux-ci. A priori seulement. Car Costello qui, doté d’une mémoire phénoménale, emmagasine les faits relatifs aux tueurs en série, se rend très vite compte que ces crimes imitent dans les moindres détails certains perpétrés dans le passé par de célèbres tueurs en série.

L’inspecteur Ray Irving, un de ces flics qui ne s’accorde pas de vie privée, est chargé de ces affaires qui n’en deviendront finalement qu’une : il entre en contact avec John Costello par l’intermédiaire de Karen Langley, journaliste au New York City Herald et supérieure directe de Costello.

J’ai apprécié suivre l’enquête menée par Irving, une enquête qui patauge très longtemps tandis que se poursuivent inlassablement les « exécutions minutieusement programmées » – par un chat qui s’amuse avec des souris -, d’autant qu’il manque cruellement de moyens.

J’ai aimé la psychologie des personnages, d’un Costello toujours « plus ou moins » suspecté d’être lui-même l’assassin, à un Irving lassé, revenu de (presque) tout, en passant par Langley, soucieuse de préserver Costello, tant que faire se peut. Sans oublier certains des intervenants ponctuels dépeints de telle manière qu’ils prennent vie alors qu’ils ne font que (tré)passer…

  « Irving se massa les tempes. Il était exténué, mais il savait qu’il n’arriverait pas à dormir.  Il voulait de la compagnie, le genre de celle que Deborah Wiltshire lui avait donnée avec une telle facilité. Il voulait du sens, un but, il voulait de l’espace et de la raison, une explication simple à la vie qu’il menait. Il voulait savoir ce qu’il faisait, et pourquoi. » [p. 215]

Traduction : Clément Baude.

Titre VO : The anniversary man (2015).

 

Ce titre entre dans le challenge « Un genre par mois«  (thriller – policier pour août).

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2 réflexions au sujet de « Les Assassins, R. J. Ellory »

  1. Un coup de cœur pour moi ….. Je ne l’ai pas lâché ….
    Mon prochain – que tu as chroniqué, d’ailleurs – : Les Anonymes….:)

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