L’heure du leurre, Collectif

Présentation. Comment se fait-il que des gens intelligents se mettent à croire que des solutions simples peuvent régler les problèmes les plus complexes ?

En ces temps de repli sur soi, tout porte à croire que l’heure du leurre a sonné.

Onze écrivains décortiquent les rouages de la démagogie et du populisme. Déresponsabilisation, abandon paresseux des valeurs humanistes, repli sécuritaire, exclusion prennent le pas sur l’ouverture, le partage, la solidarité et la lumière.

Un recueil qui génère la réflexion et les débats nécessaires à la renaissance d’une démocratie vacillante.

lheureduleurre.jpg

Mon avis. Un recueil dont les textes interpellent, d’une manière ou d’une autre…

Tout comme dans Le peuple des Lumières, le texte le plus percutant est celui qui ouvre le recueil, en l’occurrence un témoignage – et non une fiction – : La dictature et moi, de Jang Jin-Sung, poète qui relate la manière dont il est devenu un haut fonctionnaire nord-coréen, avant d’opter pour l’exil.

Toutes les nouvelles touchent du doigt la notion de populisme, cette « tendance politique démagogique visant à défendre les intérêts du peuple » [Linternaute.com].

Souvent dans un recueil, je n’aime pas forcément toutes les nouvelles et puisque je n’ai d’autre prétention que celle de donner mon avis, je prends ici le parti de mettre en lumière (!) celles qui m’ont le plus interpellée…

Le champion est pour moi Nicolas Ancion avec Comme par magie : une immersion dans un certain monde politique, celui qui fait présentement trop souvent la Une de l’actualité. Un petit bijou de cynisme…

Le Lilong, de Geneviève Damas, m’a aussi beaucoup plu : l’héroïne est très touchante dans sa découverte de Lilong, un quartier d’une grande ville chinoise, destiné à être rasé.

  « Au coin d’une rue, elle avait aperçu une petite marchande, aux cheveux noirs, qui vendait des pantoufles disposées à même le sol. Elle était ridée comme une pomme et si, de loin, Anna l’avait crue plus jeune parce qu’elle se tenait résolument droite, de près, elle s’était rendu compte qu’elle devait approcher les quatre-vingt-dix ans. » [p. 41-42]

Dans Faire le ménage, Armel Job appuie là où ça fait mal en pointant du doigt la délation et les dégâts irréversibles qu’elle occasionne ; impossible de ne pas songer aux rumeurs si facilement lancées et aux jugements péremptoires exprimés ouvertement sur les réseaux sociaux, tout en demeurant « protégé » derrière son PC…

  « Le mal est contagieux. Il s’empare des gens, il réveille la méchanceté présente au fond des êtres les plus inoffensifs en temps ordinaire. » [p. 65]

 

Principe de précaution, d’Emmanuelle Urien, met en évidence les conséquences de la tendance à « faire des amalgames » : s’appeler Khalil, suivre les cours d’arabe et s’intéresser à son pays d’origine implique inévitablement, pour les membres du parti Jeune France, la radicalisation.

Le texte qui clôt l’ensemble, Belgica Supernova, de Grégoire Polet, propose une réflexion sur ce que pourrait devenir la Belgique si elle permettait aux citoyens d’exercer eux-mêmes le pouvoir, et si elle mettait véritablement l’accent sur la préservation de l’environnement et du bien-être. Une utopie ?

Des textes à (faire) lire avant d’initier la discussion…

Merci aux éditions Ker pour ce partenariat.

 

Ce titre entre dans le challenge Un genre par mois (nouvelle ou novella pour juillet).

genremois3.jpg

 

 

 

 

Une réflexion au sujet de « L’heure du leurre, Collectif »

Laisser un commentaire