Le Livre de l’Énigme, 1 : Source des Tempêtes, Nathalie Dau

Présentation de l’éditeur. « Les ténèbres ont un cœur de lumière. Je l’ai su quand j’ai vu l’enfant dans la tempête. J’ai entraperçu l’azur de sa magie étrange et intense, mon univers s’est métamorphosé. Moi qui me sentais si seul, si désespéré, j’ai découvert soudain pourquoi j’étais venu au monde : pour protéger celui qu’on m’a donné pour frère. Un frère pas tout à fait humain, pas tout à fait possible. Le protéger des autres et de lui-même : des décisions qu’il voudrait prendre afin de résoudre sa maudite Énigme. Car ce petit est doué pour se mettre – nous mettre – en péril ! Mais j’ai la faiblesse de croire que je suis plus têtu que lui. »

Couverture Le livre de l'énigme, tome 1 : Source des tempêtes

Mon avis. Un univers d’une incroyable densité…

Focus sur différents personnages. D’abord Cerdric, petit-fils du seigneur de Cassegrume, un enfant profondément seul, sa « génitrice » (« mère » serait encore trop doux, ne parlons même pas de « maman »), Nérasia Tirblad, une femme à la beauté sublime qui n’a de cesse de dénigrer, repousser, rejeter son enfant. Celui-ci grappille çà et là un peu de tendresse, au gré de rares rencontres, notamment dans l’entourage du margrave Ardégyl.

Il découvre un jour l’identité de son père : Kéral Asulen, l’un des derniers Mages Bleus, une caste persécutée et décimée lors de ce que l’on a nommé « l’Éradication ». Cerdric décide d’écrire à son père exilé dans l’espoir de nouer un lien, aussi infime soit-il, avec lui. Il ne le sait pas encore, mais cette initiative vient de faire basculer son existence…

   « Je vis des hommes et des femmes qui n’en étaient pas, traités pis que des bêtes.

   Ils allaient nus malgré le froid, un lien de chanvre autour du cou. Des chaînes de fer aux poignets, leurs chevilles entravées de même. Attachés les uns aux autres. Forcés d’aller d’un même pas ou de tituber de concert. Pour les contraindre à avancer, des fouets claquaient au-dessus de leurs têtes ; parfois, ils leur cinglaient la chair.

   J’étais partagé entre horreur et fascination, incapable de détourner le regard. Je notai tout : les meurtrissures, les brûlures de frottement, les bleus d’ecchymoses, la couche de crasse… et l’éclat d’une beauté qui demeurait inaltérable ; qui éveillait en moi des appétits honteux.

   C’était la première fois que je croisais des rives. Toutes les rumeurs se trouvaient confirmées. Accablés de fatigue, visiblement déchus, ils conservaient un mélange de grâce et d’arrogance. » [p. 97]

Ceredawn apparaît ensuite : un enfant lumineux – dans un premier temps -, supportant un poids terrible sur ses épaules, un esprit adulte dans un corps d’enfant même si, en de trop rares occasions, il retrouve fugacement son âme juvénile, avant d’être rattrapé par son destin.

   « Stupéfait, je levai les yeux et vis l’enfant qui m’observait. Il se tenait bien droit, à présent, mais toujours au-dessus du sol. Ses bras s’étaient ouverts comme pour m’accueillir. La bulle dilatée m’offrait sa protection d’azur, j’en étais tout enveloppé. Il m’avait inclus dans son monde, dans sa paix, dans sa chaleur. Pour la première fois, j’éprouvais la sensation d’être accepté sans réticence. J’eus envie de le remercier… mais l’émotion brisa ma voix. » [p. 122]

Dans la dernière partie du roman s’immisce Arvrylith, puissant, mystérieux, (s)ombre ; il devrait, je le suppose, donner sa « pleine mesure » dans le tome suivant.

Il est bien difficile d’évoquer ce roman tant il est riche : il y est question, pêle-mêle, de (dé)loyauté, d(‘)e (ir)respect, d’intolérance, d’amour fraternel et charnel, de sexe, de races, d’esclavage, de vices, de fées, de démons, de (lutte de) croyances,… Sombre et lumineux à la fois, le livre se focalise sur des personnalités nuancées car n’est-il pas vrai que l’Homme se construit avec/dans le Bien et le Mal, dans des proportions variées selon les cas et les influences subies ?

Cerise sur le gâteau : la plume de l’auteure, artistiquement travaillée…

Ce titre entre dans le challenge de La Licorne, 5.

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