Surface, Olivier Norek

Présentation de l’éditeur. Noémie Chastain, capitaine en PJ parisienne, blessée en service d’un coup de feu en pleine tête, se voit parachutée dans le commissariat d’un village perdu, Avalone, afin d’en envisager l’éventuelle fermeture.

Noémie n’est pas dupe : sa hiérarchie l’éloigne, son visage meurtri dérange, il rappelle trop les risques du métier… Comment se reconstruire dans de telles conditions ?

Mais voilà que soudain, le squelette d’un enfant disparu vingt-cinq ans plus tôt, enfermé dans un fût, remonte à la surface du lac d’Avalone, au fond duquel dort une ville engloutie que tout le monde semble avoir voulu oublier…

Couverture Surface

Mon avis. De nouveau conquise par ce roman d’Olivier Norek…

Le livre commence par le drame survenu lors d’une intervention de la PJ parisienne au domicile d’un dealer : Noémie Chastain, qui dirige l’intervention, est atteinte par un coup de fusil de chasse en pleine tête. Autant dire qu’elle doit sa survie à un miracle. Car il est ici bien question de survie ; je dirais même qu’à ce stade, il devient difficile de parler de « se reconstruire ». En effet, on peut éventuellement se reconstruire en faisant table rase du passé ; ici, impossible de procéder de la sorte, puisque définitivement, son profil droit se rappelle douloureusement à son « bon » souvenir. Et même quand on tente (désespérément) de recoller les morceaux, les fêlures sont présentes. Que dire alors des brèches…

Avec la moitié du visage intact, Noémie devient No, et une fois sa « convalescence » passée, elle est « chargée d’une mission » dans l’Aveyron. Traduction : elle dérange car elle rappelle trop les « dangers du métier » ; sa hiérarchie décide donc de l’éloigner en attendant de trouver un prétexte plausible – les « résultats » de la jeune femme sont excellents – pour un changement d’affectation.

   « Noémie était morte d’un coup de feu dans ce studio de banlieue et aujourd’hui, No regardait par la baie vitrée de l’hôpital la foule des vivants. » [p. 45]

Elle débarque à Avalone avec (une) arme – qu’elle n’arrive plus à tenir en main – et (presque sans) bagages, bien décidée à réaliser rapidement « l’audit » imposé sur le commissariat de Decazeville et rentrer dare-dare à Paris. Difficile dès lors pour elle de « s’accorder au rythme local »…

   « – Une nouvelle maison, un nouveau village, un nouveau service et des nouveaux collègues, vous voulez tout faire d’un coup ? Vous savez, ici, il faut savoir rétrograder les vitesses. C’est marrant comme les Parisiens ont du mal à ralentir. » [p. 82]

Les choses bougent – au sens propre et au figuré – lorsque le cadavre d’un enfant disparu 25 ans plus tôt refait surface…

   « – C’est l’ancien village qui libère ses fantômes. Ça présage rien de bon. » [p. 123]

Ce récit – aux nombreux clins d’œil – se lit d’une traite ou presque et au-delà de l’enquête, c’est le personnage de No(émie) que le lecteur découvre avec la souffrance qui la submerge et la pousse à « envoyer bouler » tous ceux qui tentent maladroitement de lui venir en aide, tous ceux qui éprouvent un tant soit peu de « com-passion » à son encontre. Le seul véritablement toléré à ses côtés est un chien à la gueule cassée. Comme la sienne. Et aussi Melchior, le psy avec qui elle s’entretient par écran interposé, un psy qui appuie là où ça fait mal quand il estime le moment opportun.

   « … vous avez un visage parmi huit milliards d’autres, c’est le vôtre, vous n’en changerez pas. Maintenant, vous avancez ou vous restez sur place. » [p. 103]

Je retrouverais volontiers Noémie dans une nouvelle enquête, mais cela, c’est – qui sait ? – une autre histoire…

Merci aux éditions Michel Lafon pour ce partenariat.

Ce titre entre dans le challenge de La Licorne, 5.

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7 réflexions au sujet de « Surface, Olivier Norek »

  1. Je me suis régalée avec cette lecture après avoir découvert l’auteur avec entre deux mondes (coup de coeur!) Je retrouverais moi aussi avec plaisir cette héroïne si elle refaisait surface!!!

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