Les mots d’Hélio, Nancy Guilbert et Yaël Hassan

Présentation de l’éditeur. Né de père inconnu, Hélio est atteint d’aphasie après un traumatisme à la tête : ses pensées sont intactes, mais les mots se sont envolés. Sa mère, en état de choc, se retrouve incapable de s’occuper de son fils.

Hélio est donc placé dans une famille d’accueil où parents et enfants le considèrent avec plus ou moins de bienveillance. Pour Bianca, l’employée de maison, l’arrivée du garçon fait ressurgir de lointain ds souvenirs. Que cache-t-elle depuis des années ? […]

Mon avis. Une couverture intrigante, écrin d’une agréable lecture…

Ce récit à plusieurs voix relate l’histoire d’Hélio qui se surnomme Bulle depuis qu’une chute très grave l’a laissé dans le coma durant un mois et demi. S’il a pu récupérer bon nombre de fonctions, il souffre, sept mois plus tard, d’une aphasie de Broca, autrement dit s’il comprend presque tout ce qu’on lui dit, il est incapable de s’exprimer. En outre, sa maman, qui l’accompagnait lors de l’accident, ne sait plus qui elle est et ne reconnait plus son fils. Lorsqu’il peut enfin quitter le centre où il est hospitalisé, l’adolescent sera confié aux bons soins d’une famille d’accueil, le père étant depuis toujours aux abonnés absents…

   « Il parait que ma mère les avait désignés au cas où il lui arriverait quelque chose, et voilà. La CHOSE est arrivée. Je me torture le cerveau pour savoir comment elle connait ces gens, pourquoi elle ne me les a jamais présentés et pourquoi elle a osé penser qu’un jour j’aurais envie de débarquer chez de parfaits inconnus. » [p. 9]

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce « placement » ne se fera pas sans heurts, tant dans le chef d’Hélio que dans celui de la famille : les parents semblent marcher sur des œufs et éludent les questions de leurs enfants, Mila et Ruben ; Mila est en pleine crise d’adolescence et en fait voir de toutes les couleurs à ses parents ; seul le petit Ruben semble heureux à l’idée d’accueillir  « un jeune handicapé ». Quant à Hélio, il enrage de ne pouvoir hurler à la face du monde sa douleur, sa colère, sa rage ; il s’exprimait à travers ses carnets dans lesquels, passionné de botanique, il avait pris l’habitude d’associer par le dessin personnes et plantes. Il n’y a plus touché depuis sept mois…

   « Me mettre à la place d’Hélio ? Non mais ! Il ne manquerait plus que ça ! » [p. 56]

   « Si j’avais mes carnets, je collerais la tête insolente de Mila à côté d’une ortie bien piquante, bien cruelle, une Urtica dioica, celle qui laisse des cloques sur la peau et dans l’âme. Pourquoi ce regard méprisant ? Si elle avait eu un pulvérisateur à la place des yeux, j’aurais été ratatiné comme une mauvaise herbe. » [p. 27 – 28]

   « Je n’ai plus beaucoup de rêves, mais je n’ai pas encore décidé de me laisser mourir. » [p. 30]

Au milieu du « jeu de quilles », il y a Bianca, la « bonne » argentine qui tente de suppléer l’absence fréquente des parents et semble, elle aussi, cacher des secrets…

Les chapitres – courts – sont pris en charge par différents personnages, principaux ou secondaires : Hélio bien sûr, mais également Mila, Bianca, Ruben, ou encore Sophie, l’ambulancière, Miangaly, l’orthophoniste, Anissa, une amie d’Hélio…, chacun éclairant le récit de son point de vue.

Le texte se lit aisément, tout en décrivant de manière nuancée la psychologie des personnages, jeunes ou moins jeunes, confrontés aux aléas de l’existence et cela, même si le « secret majeur » me parait un tantinet vite accepté par les protagonistes.

Merci aux éditions Magnard Jeunesse pour cette belle découverte.

2 réflexions au sujet de « Les mots d’Hélio, Nancy Guilbert et Yaël Hassan »

Laisser un commentaire