Lucia, Bernard Minier

Présentation. À l’université de Salamanque, un groupe d’étudiants en criminologie découvre l’existence d’un tueur passé sous les radars depuis plusieurs décennies et qui met en scène ses victimes en s’inspirant de tableaux de la Renaissance.

À Madrid, l’enquêtrice Lucia Guerrero trouve son équipier crucifié sur un calvaire et se lance sur les traces de celui que l’on surnomme le « tueur à la colle ».

Tous vont être confrontés à leur propre passé, à leurs terreurs les plus profondes et à une vérité plus abominable que toutes les légendes et tous les mythes.

Mon avis. Je me suis encore une fois laissé happer…

Le ton est donné dans le prologue : une scène de crime découverte sous une pluie diluvienne par l’enquêtrice qui sera au centre de ce roman, Lucia Guerrero – la bien nommée -. Celui qu’elle découvre crucifié sur le site d’un calvaire n’est autre que son coéquipier et ami (très) proche, le sergent Sergio Castillo Moreira. Tous deux appartiennent à « l’Unité centrale opérationnelle : l’élite des services de police judiciaire de la Guardia Civil » [p. 15]

« Il pleuvait si fort qu’il lui fallut s’approcher encore et traverser les voiles liquides pour commencer à distinguer la statue – celle qui était beaucoup plus pâle.

Lucia la regardait.

L’espace d’un instant, l’image lui en rappela une autre – et elle en fut glacée.

Puis elle ouvrit la bouche. Un cri muet bloqué dans sa gorge quand la réalité de ce qu’elle voyait lui sauta au visage. Non, ce n’était pas possible, ce n’était pas vrai : ça ne pouvait pas être lui… » [p. 17]

Première partie : Lucia. L’enquête s’annonce difficile lorsque la Guardia Civil réalise que le principal suspect, très vite appréhendé, Gabriel Schwartz, souffre d’un trouble dissociatif de l’identité, autrefois appelé trouble de la personnalité multiple…

« Schwartz avait maintenant les yeux fermés. Lucia le scruta. Son visage ne trahissait plus la moindre expression. Un masque de cire. Comme s’il dormait. Soudain, il rouvrit les yeux, la faisant sursauter. Lucia vit un tel éclat de fureur les traverser, suivi d’une lueur si dure, si viscérale, à l’orée incandescente de son regard, qu’elle se raidit instantanément sur sa chaise.

– Tu sais qui je suis ? dit une voix plus basse, plus profonde, pleine de morgue et d’arrogance.

Lucia hésita :

– Ricardo ? » [p. 34 – 35]

Deuxième partie : Salomón. Parallèlement, on découvre Salomón Borges, criminologue chargé de cours à l’Université de Salamanque. Il est à la tête d’un petit groupe d’étudiants très doués, triés sur le volet, qui ont mis au point DIMAS, un « outil informatique révolutionnaire » qui facilitera grandement les enquêtes des forces de police, à condition qu’il soit reconnu comme tel et financé.

« DIMAS a trouvé quelque chose. […]

– Trois affaires, dit Ulysses Jones.

– Reliées entre elles par plusieurs éléments, dit Alejandro Lorca.

– Trois affaires de meurtre, précisa le jeune Anglais. Et personne n’a fait le lien entre elles… jusqu’à maintenant. » [p. 65 – 71]

Les parties suivantes vont bien évidemment mettre en scène tantôt Lucia, tantôt Salomón, séparément ou ensemble.

Une belle brique qui m’a tenue en haleine d’un bout à l’autre l’espace de deux jours, avec un assassin particulièrement retors et qui prend un malin (!) plaisir à jouer avec les forces de l’ordre. Une enquêtrice torturée – comme « d’habitude » – qui excelle dans son boulot à défaut de réussir sa vie personnelle. Des dessous de l’affaire sordides. Une toile de fond « artistique ».

« – Il est évident que l’homme que nous cherchons est intellectuellement manipulateur, extrêmement doué pour le jeu d’échecs, dit-il. » [p. 294]

« Cette garde civile, Lucia Guerrero : elle ne savait pas à quel point le diable était près d’elle. » [p. 390]

Un bémol : on pressent trop vite à mon goût qui est derrière « tout cela ». Mais il va de soi que je retrouverais volontiers le personnage de la guerrière dans d’autres enquêtes…

Une réflexion au sujet de « Lucia, Bernard Minier »

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