Un œil dans la nuit, Bernard Minier

Présentation. Dans les montagnes, retiré du monde, un réalisateur de films d’horreur, Morbus Delacroix.
Culte, misanthrope, fou.
Parmi ses fans, une étudiante en cinéma.
Fascinée, intrépide, inconsciente.
À Toulouse, un as des effets spéciaux est retrouvé mort, ligoté sur un lit d’hôpital.
Et si ce meurtre trouvait sa source dans un film maudit ?
Pour le commandant Martin Servaz, peut-être la plus grande énigme de sa carrière…

Mon avis. Lenteur. Accélération. Coup au cœur…

C’est toujours avec plaisir que je retrouve Servaz et son équipe – même si je m’étais un peu « fâchée » lors de la lecture de La Vallée – et ce moment n’a pas dérogé à la règle.

Un Servaz qui semble davantage encore « fatigué de tout », dont les trop rares moments passés avec son fils sont très conflictuels depuis que Léa est partie pour l’Afrique.

« Il se dit une fois encore que, s’il voulait profiter de son fils, c’était maintenant. Il savait que plus Gustav allait grandir, moins il aurait envie de passer du temps avec son père. Il connaissait la solution : lâcher la Crim, se trouver un boulot pépère au sein de la police avec des horaires bien bornés et des week-ends à soi, envoyer promener tout le reste.

Et il souhaitait aussi consacrer plus de temps à Léa si jamais elle rentrait d’Afrique…

Léa… Un pincement au cœur… » [p. 23]

Lenteur parce que l’enquête relative à l’assassinat d’un spécialiste des effets spéciaux cinématographiques s’étire et part dans diverses directions. Toutes cependant semblent mener à Morbus Delacroix, un réalisateur de films d’horreur à la réputation sulfureuse, aujourd’hui retiré au fond des Pyrénées.

Le chapitre Delacroix est proposé au lecteur par l’intermédiaire de Judith, une étudiante en cinéma que l’ancien réalisateur a consenti a recevoir dans son antre mystérieuse.

« Tout le monde rêvait de l’interviewer, douze ans après que son dernier film eut défrayé la chronique et fait scandale – et qu’il se fut définitivement retiré de la sphère publique, vivant officiellement en ermite au cœur des montagnes. Fuyait les objectifs des photographes. Avait rejeté l’offre mirobolante d’une plate-forme de vidéo à la demande pour tourner une série horrifique.

Et c’est à toi, Judith Tallandier, jeune étudiante en esthétique du cinéma, qu’il a accepté de parler… Pourquoi ? » [p. 44 – 45]

La tension est extrêmement palpable et si j’attendais de savoir quand et à quelle sauce la jeune femme allait être mangée, j’avoue n’avoir pas ressenti d’empathie à son égard. L’équipe de Servaz, quant à elle, recherche des pistes susceptibles de l’aider à faire la lumière sur le meurtre. Parallèlement, de temps à autre, l’on suit le père Daniel Eyenga – c’est d’ailleurs lui qui ouvre le récit – qui s’est retrouvé, bien malgré lui, au cœur de cette « affaire ».

« Eyenga hésita. Il avait la bouche sèche. C’était un curé moderne, féru de nouvelles technologies, de science. Pourtant une pensée irrationnelle venait de s’insinuer en lui. Celle qu’une forme de malveillance était à l’œuvre ici. Dans cette chambre. » [p. 15]

« L’enthousiasme qu’elle avait ressenti en arrivant s’était envolé, faisant place à une sourde inquiétude. » [p. 53]

Accélération car l’enquête se débloque d’un coup et Martin se retrouve sur plusieurs fronts à la fois, même si les pièces du puzzle peinent encore à s’imbriquer. Découverte aussi d’un personnage bien sympathique, un policier parisien du nom de Pierrat.

« Servaz avait beau savoir que ces photos sortaient d’un film, il perçut comme une atmosphère vénéneuse au-delà de l’image : tout à coup la frontière entre le réel et la fiction s’abolissait. » [p. 223]

Coup au cœur. Uppercut. Émotion. De l’eau dans les yeux – ça ne s’arrange pas avec l’âge, au contraire -. Vite le début du chapitre suivant, parce que non, quand même, cela ne se peut… Il faut oser. Du grand art, Monsieur Minier.

Une fin qui appelle la suite… et ouvre la porte des spéculations entre lecteurs [clin d’œil à mon kiné].

2 réflexions au sujet de « Un œil dans la nuit, Bernard Minier »

Laisser un commentaire