L’Embaumeur, t. 1 : Harpicide, Michel Vigneron

Présentation. Premier épisode des aventures de Luc Mandoline.

Un polar « aventurier » dont l’action se déroule Guyane.

harpicide.jpg

Ancien légionnaire, Luc Mandoline, l’Embaumeur, est appelé en Guyane pour enterrer un camarade tombé sous les balles. La mission va tourner à l’expédition commando sur les sites d’orpaillage. En pleine jungle amazonienne, l’ennemi n’est pas toujours celui auquel on pense… Un retour aux sources violent et douloureux.

Michel Vigneron a mis toute la verve qui le caractérise dans l’écriture de cet opus de l’Embaumeur.

Mon avis. C’est lorsque j’ai rencontré quelques membres de la sympathique équipe de L’Atelier Mosésu aux Halliennales que j’ai découvert le projet de cette série d’un « goût particulier », à savoir celle qui allait proposer de savourer (!) les aventures de Luc Mandoline [un nom charmant, aux antipodes des (més)aventures vécues par Luc], « thanatopracteur itinérant », ex-légionnaire, amené à réaliser des enquêtes pas banales, c’est le moins que l’on puisse dire…

Il m’intéresse de découvrir une série proposant un(des) personnage(s) récurrent(s) dont chaque ouvrage sera écrit par un auteur différent. Je n’ai en effet jamais vécu cette expérience…

J’ai plongé avec les « héros » de l’histoire : Luc, accompagné de son pote Sullivan, artisan de la mort comme lui (dans tous les sens du terme, d’ailleurs), à savoir aussi thanatopracteur et ex-légionnaire (le préfixe « ex » les rend parfois nostalgiques) et Élisa, la meilleure amie de Luc, une journaliste qui se demande bien vite ce qu’elle est venue faire dans cette galère (« pirogue » serait plus approprié).

Leur objectif : découvrir pourquoi Oscar, un légionnaire, a été littéralement exécuté par un(des) garimpeiro(s).

On plonge ainsi avec cette fine équipe dans un pays « que l’on aime ou que l’on déteste », une contrée où touffeur, moiteur, sueur sont les maîtres-mots ; l’enquête est rondement menée au cours d’une expédition pénible et dangereuse dans la forêt amazonienne, sur les traces des pauvres bougres n’ayant d’autre ressource que celle de travailler à l’extraction d’un or dont il pourront à peine profiter, si tant est qu’ils survivent, exploités qu’ils sont par d’innommables crapules.

Oserais-je dire que j’ai passé un « bon » moment en leur compagnie ? En fait, oui, mais il faut avoir le cœur bien accroché lors de certains passages et j’avais pris la précaution de bien arrimer le mien : je pense entre autres à une scène « cuivrée » dont je n’ai heureusement pas pu m’imaginer toute l’ampleur, n’ayant pas les « attributs ad hoc » ou encore aux descriptions des sévices infligés par Beau Gosse à ses « esclaves ». [Vous voilà obligés de le lire pour comprendre la « subtilité » de cette phrase…]

Les personnages sont certes attachants… à certains moments car à d’autres, hé bien on se demande si l’on n’a pas eu tort de les apprécier, à l’instar d’Élisa qui s’interroge sur son ami, avant de (tenter de) se convaincre qu’il vaut peut-être mieux essayer de n’y pas penser…

Le texte est savoureux, à condition d’apprécier le cynisme, l’humour (très) noir (!), un côté « audiardesque » que n’aurait pas renié Bébel au temps de sa splendeur…

   « Luc se leva et posa une main sur son cœur.

   – Je conteste, Madame la Présidente ! Je n’ai rien dit ni rien fait ! Je suis resté totalement froid aux avances éhontées de cette Brésilienne en chaleur, sans même l’ombre d’une érection !

   – Ce n’est pas le cas de ton pote ; je suis sûre que s’il devait se mettre debout, on aurait droit au mât du cirque Barnum. » [p. 52]

   « Les deux hommes eurent un petit sourire en la regardant piquer sa crise d’hystérie.

   – Ça y est ? Tu viens de transformer ton délicat popotin en jambon braisé ? On va pouvoir le déguster maintenant?

   – Sullivan, lui répondit-elle en le gratifiant d’un magnifique regard noir, tu me boufferas les fesses au jour de ma mort. En attendant, évite même de le dévorer des yeux si tu ne veux pas finir avec tes noisettes à la place des orbites ! » [p. 95]

Deux (petits) reproches cependant : il reste malgré tout dans le texte des erreurs ; j’ai aussi trouvé que la scène de « l’affrontement final » entre les héros et Beau Gosse a été un peu trop vite expédiée…

J’ai d’ores et déjà commandé le deuxième opus : Ainsi fut-il, écrit par Hervé Sard.

Ce titre est le troisième entrant dans la session 4 du challenge « Lire sous la contrainte » : « un seul mot » (le quatrième d’ailleurs si je compte Purge, mis en ligne un peu tôt quand même par rapport à la « date ultime ») et il illustre également l’idée n° 73 du challenge des 170 idées : « quelque chose de nouveau ou un endroit que vous découvrez pour la première fois« , en l’occurrence la Guyane.

unseulmot.jpgchallenge170idees.jpg

3 réflexions au sujet de « L’Embaumeur, t. 1 : Harpicide, Michel Vigneron »

Laisser un commentaire