Impossible de grandir, Fatou Diome

Présentation. Salie est invitée à dîner chez des amis. Une invitation apparemment anodine mais qui la plonge dans la plus grande angoisse. Pourquoi est-ce si « impossible » pour elle d’aller chez les autres, de répondre aux questions sur sa vie, sur ses parents ? Pour le savoir, Salie doit affronter ses souvenirs. Poussée par la Petite, son double enfant, elle entreprend un voyage intérieur, revisite son passé : la vie à Niodior, les grands-parents maternels, tuteurs tant aimés, mais aussi la difficulté d’être une enfant dite illégitime, le combat pour tenir debout face au jugement des autres et l’impossibilité de faire confiance aux adultes.

À partir de souvenirs personnels, intimes, Fatou Diome nous raconte, tantôt avec rage, tantôt avec douceur et humour, l’histoire d’une enfant qui a grandi trop vite et peine à s’ajuster au monde des adultes. Mais n’est-ce pas en apprivoisant ses vieux démons qu’on s’en libère ?

« Oser se retourner et faire face aux loups », c’est dompter l’enfance, enfin.

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Mon avis. Les billets se suivent et ne se ressemblent pas (du tout), même si la maison d’édition est identique…

Ce fut à certains moments laborieux pour moi de lire ce récit… Il y eut d’abord de la curiosité afin de découvrir ce qui est, pour Salie, pénible au point de donner à l’évocation de toute invitation au domicile d’une connaissance, voire d’un(e) ami(e), les allures d’un calvaire.

Ensuite vint souvent l’ennui lors des (trop) longues réflexions retardant le déroulement de l’histoire. Pourtant, de temps à autre, la relation de bribes du passé de Salie (un prénom qui sonne en français comme l’adjectif révélateur d’une douloureuse et indélébile réalité) apporte un relent d’intérêt avant de laisser de nouveau la place à de nouvelles digressions.

Si je n’avais pas reçu ce roman en SP, il y a fort à parier que je n’en aurais pas poursuivi la lecture mais tenace, je l’ai été, à l’instar de Salie, ou plus exactement de la Petite. J’avais aussi, « malgré tout », envie de savoir si elle allait finalement – ou pas – se rendre à ce dîner (« souper » dans notre Plat Pays).

Demeure l’impression que l’invitation en question agissait comme une espèce de « pré-texte » pour raconter la souffrance de la Petite, cette enfant marquée à jamais par le sceau de l’illégitimité et qui a eu la chance d’être choyée par des grands-parents profondéments aimants, alors qu’elle était rejetée de tous.


   « J’aurais pu écrire des sagas autour des mots grand-mère et grand-père ; en revanche, papa et maman ne m’inspirent même pas un sonnet. […] On a beau relativiser, rien ni personne ne remplace ceux qui devaient être là et qui ont fait défaut. » [p. 230]

   « J’écris, pour tous ceux auxquels on a fait payer, enfants, ce qu’on reprochait aux adultes. […] J’écris, pour tous ceux qui ont l’amer goût de l’abandon au fond de la gorge et gardent l’élégance de sourire à chaque aube. » [p. 312]


Je suis presque certaine que j’aurais beaucoup apprécié ce livre s’il avait rapporté les souvenirs passés sans ces (très) longues parenthèses du présent.

Yo sólo quiero caminar ! revient comme un leitmotiv tout au long du texte : moi aussi, je voulais avancer mais plutôt parce que j’étais désireuse de « passer à autre chose »…


Ce titre entre dans la ronde 2 du challenge Foire aux Questions

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4 réflexions au sujet de « Impossible de grandir, Fatou Diome »

  1. Bonjour Paikanne
    Je suis assez de ton avis, et en toute honnêteté, j’ai zappé certains passages et lu en diagonale d’autres.
    Pour moi, c’est un bon livre de 150 ou 200 pages, caché dans une somme de 400 pages

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  2. J’aime beaucoup l’auteur mais en lisant les différentes chroniques, j’ai un peu peur de l’attaquer. Mais je vais y être obligée puisqu’il est dans la sélection du mois du Prix Océans.

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