Everything, everything, Nicola Yoon

Présentation. Ma maladie est aussi rare que célèbre, mais vous la connaissez sans doute sous le nom de « maladie de l’enfant-bulle ». En gros, je suis allergique au monde. Je viens d’avoir dix-huit ans, et je n’ai jamais mis un pied dehors. Un jour, un camion de déménagement arrive. Je regarde par la fenêtre et je le vois. Le fils des nouveaux voisins est grand, mince et habillé tout en noir. Il remarque que je l’observe, et nos yeux se croisent pour la première fois. Dans la vie, on ne peut pas tout prévoir, mais on peut prévoir certaines choses. Par exemple, je vais certainement tomber amoureuse de lui. Et ce sera certainement un désastre.

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Mon avis. Un très beau texte qu’il est difficile de lâcher une fois commencé

C’est l’histoire de Madeline, une jeune fille de dix-sept ans qui ne connaît de l’existence que l’espace de sa maison, celle dont elle est captive. Définitivement. Irrémédiablement. Car Madeline souffre d’une forme de DICS : Déficit Immunitaire Combiné Sévère.

  « Dans ma chambre blanche, le long de mes murs blancs, sur mes étagères d’un blanc immaculé, mes livres apportent la seule touche de couleur. Ce sont toujours des éditions en grand format flambant neuves – pas de poches d’occasion pleins de germes chez moi ! Elles m’arrivent du Dehors décontaminées, emballées sous vide dans une couverture de plastique. » [p. 7]

 

Le temps s’écoule (lentement) entre ses cours d’architecture en ligne, la lecture et, selon les jours, les soirées film/Pictionary Juré-Craché/Scrabble phonétique. Aucun contact humain, hormis avec sa maman, médecin, et son infirmière attitrée, la pétillante Clara. Très rarement, le professeur Waterman vient lui rendre visite, après un passage obligé par le « sas de décontamination ». Une vie (?) aseptisée à laquelle la jeune fille a fini par s’habituer, question de vie ou de mort. Jusqu’à ce que…

… jusqu’à ce qu’une nouvelle famille emménage dans la maison d’en face : les parents et leurs deux enfants, à savoir la fille, Kara, et le fils, Olly. Surtout Olly.

  « Puis je le vois, lui. Il est grand, mince, tout de noir vêtu : T-shirt noir, jean noir, baskets noires et bonnet de laine noire qui couvre complètement ses cheveux. Il a la peau blanche, avec un léger hâle couleur de miel, et des traits anguleux. Il saute de son perchoir derrière le camion, et il glisse dans l’allée avec tant de légèreté que les lois de la gravité ne semblent pas s’appliquer à lui de la même manière qu’aux autres. Il s’arrête, penche la tête sur le côté et considère sa nouvelle maison comme si c’était une énigme. […]

   Il regarde vers moi. Nos yeux se croisent. Je me demande vaguement ce qu’il voit à cette fenêtre – une fille bizarre, tout en blanc, avec des yeux écarquillés ? Il me sourit, et son visage n’a plus la moindre trace d’austérité, de dureté. J’essaie de lui sourire aussi, mais je suis si troublée que je n’arrive qu’à froncer les sourcils. » [p. 28 – 29]

 

Madeline sait qu’il est inutile d’entrer en contact, ne serait-ce que virtuellement, avec Olly puisque jamais ils ne pourront se rencontrer « pour de vrai ». Voilà pour la théorie.

J’ai adoré ce roman qui m’a entraînée hors des sentiers battus ; j’ai aimé l’humour (pince-sans-rire) de Maddy, se débattant entre lucidité et (dés)espoir ; j’ai « palpité » lorsque les liens entre les jeunes gens se font plus intenses ; j’ai été heurtée lorsque les mots ont révélé l’impensable : une esquisse de cette idée m’avait subrepticement effleurée mais je l’avais d’emblée balayée, avant même qu’elle ne soit formulée…

  « Il est le plus grand risque que j’aie jamais pris. » [p. 83]

  « Pour la première fois depuis longtemps, j’ai envie de plus que ce que j’ai. » [p. 96]

  « Ce dont je suis certaine, c’est que vouloir quelque chose me fait vouloir davantage. Le désir est sans fin. » [p. 98]

 

Traduction : Eric Chevreau.

Titre VO : Everything, everything.

Illustrations : David Yoon.

Un grand merci aux éditions Bayard pour ce partenariat.

 

Ce titre entre dans le challenge « Jeunesse/Young Adult » (19).

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