Deux secondes en moins, Marie Colot & Nancy Guilbert

Présentation de l’éditeur. Depuis qu’un accident de voiture l’a complètement défiguré, Igor se mure dans le silence. Sa rancune envers son père, responsable de l’accident, est immense, comme sa solitude.

Rhéa sombre dans le chagrin après le suicide de son petit ami. Encore sous le choc, elle ne sait plus à qui ni à quoi se raccrocher dans la ville où elle vient d’emménager. Pour l’un et l’autre, tout s’est joué à deux secondes. Deux secondes qui auraient pu tout changer…

Et pourtant, Igor et Rhéa reprennent jour après jour goût à la vie en se raccrochant à la musique. Une fantaisie de Schubert et un professeur de piano pas comme les autres vont les réunir et les mener sur un chemin inespéré.

Un roman bouleversant, où un perroquet, le « thé des Sages », l’amitié et les mots apportent une douceur salutaire.

Couverture Deux secondes en moins

Mon avis. Il est très rare que j’emploie cette expression, mais ce roman est un coup de cœur, autant, par ailleurs, qu’un coup au cœur…

Récit à deux voix : celle d’Igor qui a le côté droit du visage complètement défiguré suite à un accident de voiture dont est responsable son père. L’adolescent enchaîne les opérations et ne met plus un pied à l’extérieur ; il a « choisi » la solitude aux regards désolés, horrifiés, de pitié, dégoûtés… des autres. Il en veut irrémédiablement à son père. Son unique ami : son perroquet, Obama.

   « – Je ne veux plus que tu sois mon père.

   J’articule bien chaque mot, en le regardant droit dans ses beaux yeux qui s’embuent. Il détourne la tête et il file en claquant la porte d’entrée. Son porte-documents reste dans l’entrée et, moi, derrière le store pour assister à son départ. J’aimerais qu’il ne revienne jamais. » [p. 89]

L’autre voix est celle de Rhéa, une adolescente dont le copain s’est suicidé et qui n’arrive pas à surmonter ce drame. Son existence s’écrit désormais à mille lieues de celle de ses condisciples. Elle a érigé un gigantesque mur autour d’elle. Son unique respiration : les mots qu’elle jette çà et là sur papier.

   « On est samedi et je me lève vers 11h, la tête en vrac et le moral bien au-dessous du niveau de la mer Morte. Je me traîne vers la cuisine. Si quelqu’un pouvait entendre la musique de mon cœur, ce serait celle de l’Adagio de Barber. Triste à en mourir. » [p. 72]

Le point commun entre ces deux personnalités profondément meurtries : la musique et plus précisément le piano.  Ainsi que leur professeur particulier de piano : Fred. À lui non plus, la vie n’a pas fait de cadeaux et patiemment, note par note, il tente de leur faire recouvrer un (timide) sourire…

J’ai adoré ce récit – lu d’ailleurs en une journée – qui retranscrit de manière palpable la souffrance vécue par les deux jeunes gens ; les pages se tournent aisément malgré la douleur et l’on chemine aux côtés d’Igor et Rhéa, tentant de garder le cap, malgré ornières et nids de poule – comparables à ceux qui émaillent les « routes » de Wallonie…

   « Moi qui me croyais la plus malheureuse au monde, j’avais tort : nos chagrins se sont bien trouvés et traînent derrière nous comme des boulets. » [p. 239]

5 réflexions au sujet de « Deux secondes en moins, Marie Colot & Nancy Guilbert »

    1. Je viens de le terminer ……Oh, que d’émotions pendant cette lecture……comme j’ai aimé l’histoire et les personnages…..Merci pour cette magnifique découverte….

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