Aux douceurs du temps, Véronique Chauvy

Présentation. Clermont-Ferrand, 1892. Quand Juliette apprend qu’elle est l’héritière d’une confiserie léguée par un oncle dont elle n’a jamais entendu parler, elle comprend que cette nouvelle va changer son destin. Happée par la curiosité, elle accepte de visiter cette boutique si bien nommée Aux douceurs du temps… Saura-t-elle égaler les plus grands artisans de la ville ? Malgré l’opposition de son père et les manigances de ceux pour qui elle représente une future concurrente – une femme qui plus est ! –, sa décision est prise : elle sera « confiseuse », envers et contre tous !

Aux douceurs du temps

Mon avis. Une lecture bien agréable…

Plongée à Clermont-Ferrand à la fin du XIXe siècle : Juliette travaille dans la confiserie de Gustave Marquand où elle a commencé comme cueilleuse d’abricots à l’âge de onze ans. Dix ans plus tard, elle s’est rendue indispensable, même si elle n’a évidemment pas reçu l’autorisation de cuire les fruits : une femme à la cuisson des fruits ? Cela ne peut se concevoir !

La jeune Juliette hérite d’une confiserie léguée par un oncle qu’elle ne connaît ni d’Ève ni d’Adam et si elle sait avoir eu une tante du côté paternel, elle ignorait en revanche que cette dernière était mariée. Elle découvre vite que le sujet est sensible quand elle s’en enquiert auprès de ses parents. Si dans un premier temps, elle songe à refuser cette confiserie désormais laissée à l’abandon où plus rien n’est opérationnel, l’idée de tenter de se forger une place au sein d’un univers exclusivement masculin fait son chemin, mais elle n’est pas au bout de ses peines…

« – Alors, qu’en pensez-vous ? C’est un bel héritage !

Le ton ironique de jeune homme ramena Juliette à la réalité. Elle qui se voyait déjà rendre des couleurs à l’entreprise de confiserie qu’elle découvrait figée dans la poussière : comment y parviendrait-elle, seule et sans capitaux ? Le clerc eut pitié de sa mine déconfite.

– Vous avez quelque temps pour y réfléchir. Vous pouvez tout aussi bien accepter cet héritage – afin de le revendre -, que le refuser pour éviter tout souci… Revenez chercher les clefs à l’étude, pour évaluer à loisir le magasin et son atelier. Songez que vous pourrez facilement en tirer une jolie somme, chère mademoiselle. » [p. 37 – 38]

Il ne vient à l’esprit de personne, et encore moins de ses parents, surtout son père, que Juliette – une femme ! – puisse garder la confiserie, la remettre en état et l’exploiter. C’est pourtant ce qu’elle fera, armée de sa détermination, son sens pratique et son amour du métier.

J’ai beaucoup aimé la personnalité de Juliette, contrainte de se battre envers et contre tous, principalement la gent masculine, car elle ose exercer un métier jusque-là dévolu aux hommes. Pire, tout semble lui réussir, ce qui suscite bien des jalousies. J’ai apprécié également Rodolphe, son voisin libraire, « l’ami fidèle », le confident, le soutien, le « phare » de la jeune femme… Et cela, dans une époque qui remet en cause la puissance de la religion.

« C’est aux propos encourageants du libraire, plus qu’aux démonstrations de son époux, qu’elle se sentit puiser l’énergie dont elle avait besoin pour la journée. » [p. 145]

Un grand merci aux éditions J’ai Lu pour ce partenariat.

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