Impact, Olivier Norek

Présentation.


FACE AU MAL QUI SE PROPAGE
ET QUI A TUÉ SA FILLE,
POUR LES MILLIONS DE VICTIMES PASSÉES
ET LES MILLIONS DE VICTIMES À VENIR,
VIRGIL SOLAL ENTRE EN GUERRE, SEUL,
CONTRE DES GÉANTS

Mon avis. Fameux impact effectivement. Un uppercut même

Une enquête qui est ici prétexte à dénonciation, basée sur des faits réels ; pour preuves, les multiples références renseignées à la fin du « roman ».

Focus sur Virgil Solal, dans le delta du Niger, sur la route des oléoducs, en 2020.

« Le regard dur et les cheveux courts, Solal était l’archétype du gradé militaire. La quarantaine, peut-être dix de moins ou dix de plus, impossible à dire. Il y a des hommes, comme ça, sans âge. » [p. 15]

Solal est contraint de rapatrier une jeune humanitaire française, missionnaire d’Amnesty International. Autour de la femme, « près de trois cents personnes, femmes, hommes et enfants, avec, à leurs pieds, leur vie en quelques valises, sacs de toile ou sacs-poubelle. » [p. 17]

La Nigerian Police Mobile Force qui accompagne Solal est, quant à elle, chargée d’emmener le groupe au bidonville de Port Harcourt.

« – Ce sera toujours mieux qu’ici. Les poissons crèvent, ce qui sort de la terre est déjà presque mort et l’eau des puits est empoisonnée par les métaux lourds. L’air est tellement pollué qu’il provoque des pluies acides qui trouent les toits en tôle et transforment la roche en poussière. Vous pouvez imaginer ce qu’elles font sur leur peau. » [p. 19]

À cent mètres de là, « un cratère profond, rempli à ras bord de cadavres à des stades différents de décomposition. […]

Vos pieds sont posés sur l’un des endroits les plus toxiques du monde et voilà une partie du résultat. Des dizaines de décès par semaine et par village, ils meurent trop vite pour qu’on ait le temps de les enterrer. […]

– Pourquoi autant de gosses ?

– Choisissez. Mort prématurée, saturnisme, cancers, troubles cardio-vasculaires, respiratoires, neurologiques. Ici, un gamin sur deux est malade. L’espérance de vie au Nigeria est de cinquante-cinq ans, mais elle tombe à 40 ans dans le delta. L’activité pétrolière à elle seule leur prend donc quinze ans de vie à chacun. » [p. 20 – 21]

Ébranlé par ce qu’il a pu voir au cours de ses missions et un drame personnel, Solal décide qu’il n’a d’autre choix que de se battre contre les « géants du pétrole » qui, par cupidité, détruisent impunément planète et êtres humains.

C’est ainsi qu’il enlève le PDG de Total et exige une rançon faramineuse en échange de sa libération. Si le groupe refuse de payer, le PDG sera exécuté. « Originalité » : chaque fois que, avant l’expiration du délai, le groupe « fait un pas vers la planète », le groupe récupère une partie de la rançon.

Diane Meyer, psychocriminologue « torturée », et le capitaine Nathan Modis sont chargés d’entrer en contact avec le ravisseur.

Le récit se poursuit par les « négociations », via écran interposé, entamées avec un ravisseur déterminé à aller au bout de son raisonnement, lui qui, désormais, a déjà tout perdu.

De l’autre côté, Diane et Nathan, dont la réflexion évolue sensiblement au fur et à mesure des confrontations avec Solal…

 » -Je me trompe ou ça commence à être difficile de le détester ?

La psy tenta de se dissimuler derrière sa fonction.

– Je dois juste le profiler. Ce n’est pas mon rôle d’aimer ou de haïr. Je dois le comprendre pour l’expliquer aux enquêteurs. Mais j’avoue que j’aurais préféré faire face à un idiot ou à un salaud. » [p. 88]

« Modis se rappela alors ces mots qui, comme un venin, couraient dans ses veines depuis la veille : « Je sais qu’à la fin, tu feras ce qui est juste. » Il faudrait qu’après tout cela, il puisse regarder sa fille dans les yeux. Se regarder lui aussi, dans le miroir, pour y voir peut-être à son tour ces millions de morts par an qui le jugeraient. Défendrait-il des inconscients qui nous mènent à l’extinction ou défendrait-il un assassin prêt à tuer pour protéger les autres ? » [p. 165]

Le fil de l’enquête est entrecoupé de passages, tirés de l’actualité récente, renforçant le propos.

Un récit qui plonge le lecteur dans le cynisme le plus abject de ceux qui exploitent notre planète jusqu’à plus soif ; un récit qui suscite inévitablement la réflexion : peut-on sacrifier quelques « individus » pour (tenter de) faire bouger les choses ?

Un récit à (faire) lire, même si la prise de conscience est douloureuse et « désespérée ». Et dans le même ordre d’idée, visionner la série Jeux d’influence de Jean-Xavier de Lestrade, avec l’excellente Alix Poisson, sur Arte. Et prévoir un bon moment de détente après pour respirer à nouveau…

2 réflexions au sujet de « Impact, Olivier Norek »

  1. Ce livre a été, plus qu’un coup de coeur pour moi, un vrai coup de massue. Beaucoup de lecteurs, habitués aux thrillers, n’ont pas apprécié celui-ci. Moi, c’est le contraire. Si j’aime Norek dans ses thrillers, je l’aime encore plus quand il se sert de l’actualité (celui-ci et « Entre deux mondes ») comme prétexte pour ses romans. Magistral ! Mais…!!! Tellement interpellant !

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