L’étrange cas de Juliette M., Megan Shepherd

Présentation.

Londres, 1895.

Juliette Moreau n’est plus rien. Sa vie a basculé le jour où son père, le plus éminent chirurgien de Londres, a été accusé d’ignobles pratiques médicales. Est-il mort ? En fuite ? Nul ne le sait. Une chose est sûre : Juliette doit maintenant se débrouiller seule pour survivre. Et tenter de répondre à cette terrible question qui l’obsède : qui est vraiment son père ? Un fou ou un génie ?

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Mon avis. Une plongée dans la noirceur de l’âme humaine, là où les limites de la science sont dépassées, là où le chercheur flirte avec une toute-puissance dévoyée…

J’ai vraiment apprécié cette immersion dans une atmosphère lugubre, à la tension permanente, en compagnie de Juliette. Merci à Macadam pour ce partenariat.

Le récit commence à Londres ; j’ai presque envie d’écrire L’ombre tant le côté sombre l’imprègne d’emblée, qu’il s’agisse des locaux de la faculté de médecine récurés laborieusement par la jeune fille ou de la ville elle-même.

Juliette tâche plutôt mal que bien de survivre alors qu’elle est désormais seule dans la vie : après la disparition de son père, déshonoré pour des générations, le décès de sa mère l’a laissée sans ressources. Elle nettoie salles de cours et laboratoires, (étrangement) intéressée par les expériences qui s’y déroulent, tout en essayant d’échapper à la lubricité d’un professeur malveillant, désireux de faire découvrir à la jeune fille l’anatomie, pas uniquement à travers des planches.

Ce qui était inscrit en filigrane arrive et Juliette est bientôt contrainte de fuir au plus vite cette ville ; c’est alors qu’elle retrouve la trace de Montgomery, autrefois serviteur du docteur Moreau, dévoué corps et âme à celui que d’aucuns ont décrit comme un savant fou. Elle réussit à convaincre le jeune homme, venu se « ravitailler » à Londres en compagnie d’une créature « quasimodesque », de l’emmener sur l’île afin d’y revoir son père… pas aussi mort qu’il était censé l’être.

Juliette retrouve un père peu accueillant, (toujours aussi) obsédé par ses recherches, freiné dans ses élans uniquement par ses échecs, non par une éthique quelconque. La jeune fille observe, espionne car, elle est contrainte de se l’avouer : elle a hérité de l’insatiable curiosité paternelle et sent qu’en son for intérieur, une part d’elle ne peut s’empêcher de l’admirer.

Quelques créatures bizarres jouent le rôle de domestiques ; à leurs côtés, Montgomery et Edward, un naufragé ramené sur l’île, tous deux luttant farouchement afin de séduire Juliette. La valse-hésitation de cette dernière à leur propos est d’ailleurs parfois agaçante même si elle devient compréhensible.

La tension monte petit à petit grâce à une écriture bien maîtrisée ; la peur et l’angoisse sourdent de chaque recoin de l’île ; la fin appelle la suite…

Une lecture inquiétante qui m’a donné envie de découvrir le livre qui a inspiré Megan Shepherd : L’île du docteur Moreau de Herbert George Wells.

7 réflexions au sujet de « L’étrange cas de Juliette M., Megan Shepherd »

  1. Je voulais te poser la question, mais tu y fais indirectement allusion à la fin de ta critique : ce roman relève-t-il de la SF ou, du moins, en présente-t-il certaines caractéristiques?
    Ca a l’air chouette et j’ai envie de changer mes lectures de l’an prochain…

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